61| Faire comme si de rien n'était.

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Yros et Thomas se retrouvèrent dans la même salle d'attente glacée que la veille, attendant que l'on vienne les voir. La seule différence était que cette fois ci, ils ne se tenaient pas la main, et leurs chaises étaient séparées de plusieurs mètres. La pièce glacée qui encore la veille, avait tout l'air d'être chauffée (peut-être était-ce parce qu'il était collé à Thomas), parut plus froide que jamais à Yros. Il ne pouvait pas poser sa tête sur l'épaule de Thomas et s'endormir comme il l'avait fait un jour auparavant. Ce qui le dérangea encore plus fut qu'il ne parvenait pas à lire autre chose que des regrets sur le visage silencieux du châtain. Que pouvait-il bien avoir à regretter ? Il n'avait rien fait de mal. Peut-être regrettait-il d'avoir rencontré Yros ? Peut-être souhaitait-il ne jamais le revoir ?

Yros se mit à fixer le sol. Il faisait un froid de canard dans cette pièce. Et puis, ce qu'il avait fait était quand même assez grave, alors pourquoi ne l'avait-on pas placé en cellule ?

Plusieurs minutes s'écoulèrent, ou plusieurs heures, il n'en savait rien. Ce qu'il savait en revanche, était qu'à la seconde où Thomas s'état levé de sa chaise, Yros avait cessé de respirer. Mais en réalité, il était seulement allé voir par la petite vitre dans la porte, pour vérifier si quelqu'un allait finir par arriver. Forcément. Comment Yros avait-il pu imaginer Thomas venir lui parler comme si rien ne s'était passé ? Il allait probablement le détester pour le restant de ses jours et...

...allait marcher tout droit dans sa direction ?

Il se dirigeait vers lui ! Yros paniqua. Allait-il rompre, le gifler, l'insulter ? Thomas leva une main vers lui et le brun tourna la tête, par reflexe. Il fut cependant très surpris de sentir la douce main de son âme sœur se poser délicatement sur son visage. En ouvrant les yeux, Yros constata que Thomas l'observait d'un air soucieux. Il y avait cependant quelque chose, caché dans les iris verts de Thomas, quelque chose de profond et d'indescriptible.

Le châtain caressait doucement du pouce, le tout petit hématome qui se colorisait sur la pommette droite d'Yros. Après quelques secondes à observer, durant lesquelles Yros resta en apnée, il demanda :

-Rudixal t'as frappé ?

-Une fois.

-Ça te fait encore mal ?

Yros ne savait même plus quoi dire. Comment pouvait-il toujours se soucier de lui et le défendre, peu importe la situation ? Il aurait pu tuer quelqu'un ! Il était quasiment un criminel !

-Pas... Pas vraiment.

-On mettra de la glace en rentrant, d'accord ?

Quelque chose n'allait pas, quelque chose n'était pas normal, mais Yros ne parvint pas à identifier cet élément perturbateur. Quant à lui, Thomas se rapprocha et donna l'impression qu'il était sur le point de l'embrasser sur le front, mais se ravisa à la dernière seconde alors que ses lèvres frôlaient leur but. Il soupira et ce soupir fut comme une épaisse fumée remplie de pensées sombres et douloureuses. C'est du moins l'impression que cela avait laissé sur Yros, qui le regardait retourner s'asseoir, sans rien dire.

Tout était confus. Il voulait tellement savoir ce que Thomas pensait, mais son savoir se limitait à tous les scénarios tordus que son esprit pouvait bien créer.

Enfin, on entra dans la pièce. C'était encore le même homme que la veille, qui avait néanmoins, l'air de meilleure humeur. Il tenait dans sa main, une tasse de thé à moitiée vide, sur laquelle était inscrit en grosses lettres volumineuses : Le plus charmant de tous les charmeurs.

Après avoir lu la phrase, Yros leva la tête pour observer le visage de l'agent et conclut qu'il avait dû acheter cette tasse lui-même. En les voyant, le concerné laissa un grand sourire désagréable fendre son visage barbu en deux.

Liés à jamais. [bxb]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant