chapitre trente-huit : je t'aime
HAZEL GARDNER
Édimbourg, Écosse.
Les discussions s'entrechoquaient inlassablement dans la grande pièce. Mon cerveau était en compote.
— Je résume ! Cria Jersey pour se faire entendre.
Installée dans le canapé, je ne participais que de loin à la réunion de crise autour de la table. Karola était rentrée en Grèce, j'étais seule. Et Leo me considérait plus comme une otage que comme sa belle-soeur.
— Selon nos informations, ils sont forcément au cottage de Balerno. On ira au petit matin avec tous les hommes disponibles.
— J'irais, la coupa Leo. Mon frère, notre mafia, toi tu restes en retrait.
— Ok, alors je resterai avec Hazel.
— Non. Elle vient.
Jersey émit une espèce de souffle de protestation.
— Elle, elle va me servir de bouclier humain.
Je déglutis dans mon coin. Impeccable, j'avais totalement prévu de servir de bouclier pour Leo durant le sauvetage de mon mari. Peut-être que Leo aussi allait me marchander avec mon père.
— Et pour Sybille ? Demanda Nirkos. Il faut sincèrement qu'on se décide à annoncer sa mort, on va le faire passer pour un accident ou un meurtre ?
Je me levai pour quitter la pièce. Ma vision trouble et ma tête qui tournait me ralentissaient. J'arrivai enfin au dessus des toilettes et renvoyai mon repas dans son intégralité. Comme à chaque fois.
Sybille était morte.
Torturée.
À cause de moi.
La liste devenait affreusement longue.
Je continuais de vomir pour vider au maximum mon estomac. Ma gorge brulait. Et cette sensation me renvoya directement à ce type dans le pub.
J'avais l'impression de ne jamais pouvoir supporter le poids de ma vie. C'étai trop dur, trop violent.
Je me redressai en tirant la chasse dos et je sursautais en voyant Jersey dans l'encadrement de la porte de la salle de bain. Elle portait un jogging et un débardeur. Ses cheveux blonds étaient toujours tressés.
Je m'approchai de l'évier pour ouvrir l'eau et en passer sur mon front. Je lavai ma bouche et puis m'appuyai contre la vasque silencieusement.
— Tu pourrais être enceinte ?
Je fronçai les sourcils en la regardant. Qu'est-ce qu'elle était en train de me dire ?
— Tu vomis beaucoup alors...
VOUS LISEZ
HAZEL
RomanceHazel, c'était cette femme invisible qui se fondait toujours dans la masse. On ne la voyait jamais. Elle avait une vie tranquille. Elle venait de rompre avec son premier amour, était en froid avec sa mère, refusait de payer des séances chez un psyc...