6

366 31 2
                                    

Gabriel savait qu'il en baverait, mais pas à ce point. Son ami à la peau ébène se montrait impitoyable et il était certain qu'il adorait le voir souffrir. Il lui semblait le voir s'amuser quand il respirait difficilement ou qu'il grimaçait de douleur et d'effort. Cet homme se révéla cruel et diabolique. Durant la pause entre deux séries, il tenta de faire pitié. Il prit son air le plus triste et fit trembler sa lèvre inférieure, comme un enfant sur le point de pleurer.

— J'ai déjà dit que j'étais désolé, se plaignait-il une nouvelle fois.

— Et ?

La voix de Raphael était ferme. Le pompier ne répondit rien et souffla avant de se remettre au travail. Ses muscles étaient en feu et sa respiration était erratique. Jamais il n'avait autant haï le cross fit jusqu'à aujourd'hui. Raphael faisait fort.

— Ta souffrance est causée par ton manque d'entraînement ces derniers temps, tu ne peux t'en prendre qu'à toi-même.

— Je sais, grogna Gabriel.

Les remords du concerné lui serrèrent la gorge. Il baissa les yeux, pris une bonne inspiration et recommença sa série. Il souffrit un bon coup et poussa jusqu'au bout de ses forces. Quatorze, quinze ! Enfin ! Raphael vint lui reprendre les cordes des mains et les posa à côté d'eux, tandis que Gabriel se laissa tomber sur les fesses, sa tête entre ses mains. Ses cheveux lui tombaient devant les yeux, il était certain que ses joues étaient aussi rouges que chaudes et sa tête tournait, il avait été trop vite sur les derniers mouvements. Raphaël n'était pas un monstre non plus et la souffrance de son ami n'était pas quelque chose qui lui faisait plaisir. Il s'éclipsa un instant, avant de revenir aussi vite. Une serviette chaude vint se poser sur les épaules endolories de Gabriel et ses cheveux furent plaqués en arrière avec douceur. Il releva la tête pour découvrir le propriétaire des lieux accroupi à sa hauteur.

— Va te laver, on s'arrête là pour aujourd'hui. Et Gaby ?

— Oui ? se risqua-t-il à demander.

— Je suis heureux de te voir... Et Alice me fait te dire que ce soir, nous passerons chez toi avec le repas.

Gabriel hocha la tête. Raphaël sentait bien que son poulain n'osait pas en dire plus, mais qu'il voulait ajouter quelque chose. D'un geste de la main, il invita Gabriel à exprimer le fond de sa pensée.

— J'aurais les jumeaux.

— Nous le savons, est-ce gênant pour toi ?

L'attention de Raphael lui fit du bien, son expression changea et s'adoucit face au regard de chien battu du brun. Il n'arriverait jamais à lui en vouloir longtemps.

— Du tout. J'ai déjà hâte dans ce cas. Merci d'être là.

— C'est normal, tu le sais. Mais évite de nous lâcher comme ça, sinon la prochaine fois, je te jure que tu meurs en pleine séance tant mon courroux sera dur à calmer.

Le rire du pompier fit du bien au coach sportif. Raphaël ne montrait que très peu ses sentiments, mais ce garçon, était son plus proche ami et le perdre de vue ne serait-ce que quelques semaines avait été dur pour lui. Il lui en voulait de s'être renfermé comme ça, sans aucune nouvelle. Alice et lui étaient là pour cela. Ils l'aimaient plus que tout et lui, leur avait tourné le dos. C'était douloureux.

Quand Gabriel sortit des douches, habillé en civil, Raphaël ne put cacher son sourire.

— Tu devrais te reposer avant de récupérer les garçons, tu as l'air d'un zombie.

— Mais quel compliment, merci infiniment, ricana l'intéressé, mais oui, je tâcherai de dormir une heure ou deux avant de me rendre chez ma mère.

— Excellente idée. À ce soir, Gaby.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant