Sa jambe tressautait nerveusement. La salle d'attente était plutôt sympa, mais il n'avait aucune envie d'être ici. Alice posa sa main sur son genou, lui indiquant de se calmer.
— Retire ta main.
Son ton était froid et sans appel. Il n'avait toujours pas digéré le cirque que les trois compères avaient manigancé contre lui.
— Gaby, ce n'était pas contre toi. On le fait pour t'aider, hors de question que tu nous zappes encore une fois.
La simple phrase de Raphael fit taire le pompier.
— Et puis pense à ton boulot, continua Elias. Si tu y retournes avec un test psy complet et positif, tu pourras reprendre sans délais.
Gabriel lui adressa un regard qui ne saurait décrire, mais qui fit battre son cœur un peu plus puissamment.
— J'espère...
C'était qu'un murmure, mais il n'échappa à personne.
Quand enfin, la psychologue sortit de son bureau avec sa dernière patiente, elle appela Gabriel et l'invita à entrer. Elle était jeune, si jeune que Raphael eut un doute sur ses compétences, puis se souvint, si elle était là, c'était pour une bonne raison. Elle avait des cheveux blonds coupés en carré et un visage rond qui la faisait paraître enfantine.
— Vous pouvez attendre ici, leur dit-elle en souriant.
Le trio hocha la tête en chœur. Le couple avait si peur de revoir leur ami devenir une loque à nouveau.
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Gabriel se posa sur une chaise que lui avait désigné la jeune femme. Elle devait avoir seulement quelques années de plus que lui, à peine. Elle s'était installée de l'autre côté du bureau, un carnet devant elle.
— Alors, Gabriel, je sais pourquoi vous venez, mais je pense que nous devrions y aller doucement. Si vous ne souhaitez pas parler, alors vous n'y êtes pas obligé, mais ce serait mieux pour vous.
— Vous saviez que pendant une noyade, on retient notre respiration jusqu'à en perdre connaissance ? Ça s'appelle l'apnée volontaire. Ça veut dire que vous avez beau être terrorisé, votre instinct de survie est tellement fort que vous gardez la bouche fermée jusqu'à ce que vous ayez l'impression que votre tête va exploser. C'est quand vous laissez l'eau rentrer que vous arrêtez de souffrir, c'est là que la peur s'arrête et que tout devient paisible...
Le visage de la femme s'éclaira et elle laissa échapper un rire.
— Tu viens de me citer Stiles Stilinski dans Teen Wolf en pensant sincèrement que je ne m'en rendrais pas compte ?
Gabriel ne put empêcher la commissure de ses lèvres de se relever à son tour. Elle avait de bons goûts.
— J'avais cet espoir, oui... Je suis alcoolisé.
Il avait soufflé cet aveu, honteux. Il était seulement treize heures et il avait commencé à boire dès son réveil.
— Est-ce que ça te fait du mal de l'être ?
— Ouais. Je me sens minable, je sens que ça redescend et que tout me revient en plein visage. J'ai l'impression d'être toujours en apnée, comme l'a si bien dit Stiles. Ma tête ne va pas exploser, elle le fait déjà. Je me déteste. Je les déteste.
— Qui ça, Gabriel ?
— Mon père, pour m'avoir abandonné, ma mère pour avoir essayé de faire la même chose et mes frères pour être comme ils sont. Je hais mes amis, de toujours être là alors que je ne saurais pas faire la même chose pour eux, je hais Lilian, car il trompe l'homme incroyable qu'est Elias et qu'il va se marier avec et... Je hais Elias aussi.
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FRELSER
RomanceFRELSER : Héros en norvégien, la langue maternelle d'Elias, un jeune homme aux allures de viking. Un gendarme amoureux de son travail, de la vie. Héro, pour désigner Gabriel. Sapeur-pompier professionnel, prêt à risquer sa vie pour celles des autre...