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Quand Elias arriva à la brigade cet après-midi-là, il était épuisé. Le mois de juillet venait tout juste de débuter depuis quelques jours et pourtant les vacanciers n'avaient pas perdu de temps pour commencer les excès. Il avait demandé à prendre l'astreinte de nuit afin de gagner un peu plus. Le voyage improvisé en Norvège avait créé un trou dans son compte en banque qu'il devait reboucher. Il refusait de demander de l'aide à ses parents, alors il se débrouillait comme il le pouvait. Il prit connaissance des missions du jour et fût encore une fois rassuré en le voyant associé à Xavier. Lilian et lui ne seraient sans doute plus jamais placés dans le même secteur et ça lui allait très bien. Le Français n'avait pas arrêté de l'appeler, de le supplier de lui pardonner. Il venait sonner à pas d'heures et Elias avait dû le menacer d'une main courante pour qu'il stoppe son comportement. Toute cette histoire le mettait de mauvaise humeur et Xavier le comprenait très bien, mais ne lui en tenait pas compte.

Sur le tableau, il vit qu'il était en patrouille dans le secteur de l'appartement de Gabriel et de sa mère. Il n'y avait pas été affecté depuis la tentative de suicide de Julia. Cela ne l'aida pas à se sentir mieux. Elias ne savait pas ce qu'il voulait pour le moment. Quand il était seul, il pleurait jusqu'à l'épuisement, rongé par la douleur et la solitude. Quand il était accompagné, il avait l'impression que l'on ne le voyait que comme le gars qui a été cocu et qui a annulé son mariage deux mois avant qu'il ait lieu. La seule chose qui lui donnait un peu de joie, était que le lendemain, il aurait son jour férié pour la fête patronale et grâce à ses heures en trop ces deux dernières semaines, il avait pu poser le quinze juillet également. Il aurait un peu de répit.

— On y va ?

La voix de son collègue le fit se retourner brusquement. Xavier lui offrit un petit sourire, qu'il lui rendit. Il le suivit jusqu'à leur voiture de fonction et commencèrent leur patrouille. Ils roulaient depuis une dizaine de minutes quand le silence fut trop lourd pour Xavier.

— Tu vas au bal ce soir ?

Elias haussa un sourcil et se tourna vers son ami qui avait les yeux braqués sur la route.

— Quel bal ?

— Le bal des pompiers !

Son ton était sans appel, comme si c'était une évidence. Si son collègue avait pu le traiter de crétin au passage, il l'aurait fait. Elias n'y avait jamais mis les pieds. Il n'avait jamais voulu y aller seul et il était rare qu'il soit de repos le quatorze juillet.

— Non, je ne pense pas, rétorqua-t-il, voulant mettre fin à la conversation.

Qui disait bal des pompiers, disait présence de Gabriel. Il n'était pas certain de pouvoir refaire face à l'expression froide du brun. Il aurait aimé s'excuser auprès de lui, mais il n'y arrivait pas. Quelle lâcheté, pensa-t-il.

— Elias, je sais que ce que tu vis, c'est dur, mais ne te renferme pas comme ça chez toi. Accompagne-moi. Apparemment les hommes et les femmes de la caserne ont prévu une surprise assez sympathique si tu vois ce que je veux dire.

Son sourire en coin le faisait pour lui. Elias se demanda aussitôt si Gabriel danserait lui aussi et l'idée qu'il le fasse le provoqua un frisson d'excitation. Il aimerait tellement le voir faire.

— Je verrai, mais ne te fais pas d'idées, répondit-il simplement à son ami.

Le visage de Xavier s'illumina. C'était un premier pas et pas des moindres ! Le reste de la journée passa à une vitesse folle et Elias ne savait toujours pas s'il suivrait son collègue à ce bal qui aurait lieu dans quelques heures. Il était partagé entre l'envie d'y aller et de voir Gabriel, même de loin, mais en même temps, il ne voulait pas se faire plus de mal. Son téléphone vibra contre sa cuisse et le contenu du message était un signe du destin. Voilà des semaines qu'il n'avait pas répondu à cette personne et qu'aujourd'hui, elle lui envoyait un SMS.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant