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Elias regardait sa sœur à travers l'écran. Cela faisait un moment que le gendarme n'avait pas eu de contact avec sa famille et il profitait de son jour de repos pour parler avec sa mère et son père. Nina s'était glissée dans la conversation. Au bout d'un moment, Heidi et Jakob avaient laissé la place entière à leur fille, embrassant une dernière fois leur fils à des centaines de kilomètres de lui. Elias mentirait s'il disait que sa famille ne lui manquait pas, mais il sentait que même après sa rupture, la France était là où il devait être. Sans doute à cause de sa rencontre avec Gabriel. Le pompier détruisait tout ce qu'il croyait savoir de l'amour et le reconstruisait d'une tout autre façon qu'il lui sembla être si belle. Il n'était pas dupe et il était évident que Nina voulait lui parler de cela et il s'en trouva bien heureux. Il voulait en parler à quelqu'un, il en avait besoin. Il ne voulait plus se tromper et écouter l'avis de sa famille lui paraissait être important désormais.

— Tu m'écoutes ? gronda la jeune femme.

— Oui, excuse-moi. Tu disais ?

— Je te disais que tu devrais tenter de lui laisser sa chance à ce Gabriel. Ça fait des mois que tu le connais et des semaines que vous vous tournez autour. Je pense qu'il est temps pour toi de te laisser aller. Il n'est pas Lilian, tu comprends ?

— C'est bien plus facile à dire, qu'à faire. J'aimerais dire à Gabriel que je le considère comme mon petit ami, mais à chaque fois que j'y pense, Lilian se fraye un chemin dans ma tête et me rappelle à quel point j'ai été idiot.

Nina soupira de l'autre côté de l'écran. Elle se passa une main dans les cheveux, exactement de la même façon qu'avait Gabriel de le faire. Il imagina sans mal le visage souriant du pompier dans sa tête.

— Tu sais, tu m'as dit toi-même que tu redécouvrais le sens du mot « amour » avec lui. Laisse-le te montrer tout ce qu'il veut te montrer. Il prend tout son temps pour toi, il est patient, gentil et il a l'air amoureux de toi.

C'était une conversation qu'il n'avait jamais eue avec Gabriel. Ils ne parlaient pas de la nature de leurs sentiments. Ils savaient tous les deux qu'ils ressentaient des choses fortes, mais jamais, ils ne s'étaient dit les fameux mots. Gabriel devait sans doute attendre l'aval du gendarme.

— Je ne sais plus que faire Nina. Gabriel n'est pas Lilian, mais je ne peux m'empêcher de comparer les deux relations. Peut-être que j'ai été trop vite avec Gabriel. J'aurais dû faire le deuil de Lilian avant.

— Ça fait des semaines maintenant et de ce que j'ai compris, ce Gabriel te plaisait bien avant ta rupture Elias. Tu te souviens de cette soirée en boîte de nuit que vous avez faite ? Tu m'as avoué que tu avais été jaloux de cette fille et de tous ceux qui approchaient Gabriel. Je ne suis pas experte, mais je pense que quand l'amour nous tombe dessus, le temps ne doit pas être un facteur. Tu te fous de ce que les gens diront. Ne pense pas à ça.

— Ce n'est pas que les gens. J'ai l'impression de manquer de respect à Lilian aussi. Ma rupture avec lui m'a fait mal, mais pas comme je l'imaginais. Je pense que j'ai plus peur de perdre Gabriel que j'ai eu peur de perdre Lilian, mais d'un autre côté, de passer à autre chose alors que Lilian n'y arrive pas, j'ai la sensation d'être un connard.

— Je rêve là ! s'énerva Nina, ses yeux lançant des éclairs. Il t'a trompé Elias, comment peux-tu une seule seconde penser que tu lui dois du respect ? Non, il ne mérite pas que tu penses à lui de cette façon. Alors fais-moi plaisir, fonce avec Gabriel et laisse toutes tes petites voix intérieures débiles chez toi. Ce garçon a l'air parfait Elias et si jamais tu as si peur, présente-le-moi, même en Skype et je te dirai franchement ce que j'en pense, d'accord ?

Elias ne savait pas quoi penser de cette idée. Elle n'était peut-être pas si mauvaise. Il soupira toujours, déchiré de l'intérieur. Il regarda l'heure et se leva d'un bond.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant