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Gabriel n'arrêtait pas de sourire. Sa mère était là, à ses côtés, à la table de salle à manger de son enfance. Cela faisait si longtemps qu'il n'était pas venu ici. Plusieurs mois déjà. À ses pieds, Oslo dormait comme un bébé. La mère de famille venait de passer les dernières minutes à jouer avec celui qu'elle appelait son petit-fils. Gabriel n'avait pas voulu le laisser seul si longtemps chez lui, il savait déjà qu'il ne rentrerait pas chez lui ce soir. Même s'il était heureux de voir sa mère rentrer, il voulait veiller sur elle encore un peu.

— Magalie, la voisine m'a fait quelques courses, tu veux un café ?

Gabriel hocha la tête, encore trop émotif pour émettre le moindre son. L'appartement avait été entretenu et il s'en voulait que ce soit la voisine de sa mère qui l'ait fait et pas lui. Il aurait dû s'impliquer un peu plus durant l'absence de sa mère. Une culpabilité l'assaillit. Il n'avait pas pris de nouvelles de ses frères depuis si longtemps. Elias était capable de tout balayé sur son passage, même ce genre de choses.

— Tout va bien mon cœur ? Ma surprise ne te plaît pas ? s'inquiéta Julia.

— Si, si, c'est l'une des plus belles journées depuis des mois, mais je me rends compte que je n'ai pas été suffisamment présent pour toi ou les jumeaux ces derniers temps.

Sa mère se plaça face à lui et embrassa son front, comme quand il était enfant.

— Arrête de vouloir porter le poids du monde sur tes épaules, mon ange. Tu avais autre chose en tête et c'est normal. Tu ne peux pas tout gérer seul. Magalie l'a fait de bon cœur et crois-moi, les jumeaux ne t'en tiennent pas rigueur. Ils stressent trop pour la rentrée qui approche.

— Je suis tellement heureux que tu puisses être là pour eux ce jour-là. Tu les récupères quand ?

Julia ne répondit pas immédiatement. Elle alla chercher le café qui avait fini de couler et apporta la tasse à son fils. Elle s'installa à ses côtés.

— J'attends que mon psychiatre envoie son bilan à la juge des enfants et à l'ASE. Après ça, ils pourront rentrer.

— Ce qui veut dire ?

— Dans une semaine ou deux, au maximum. Mais je peux les voir autant que je veux en attendant. Simplement, ils ne peuvent pas dormir ici pour le moment.

Gabriel souffla sur le liquide noir que contenait sa tasse et le porta à ses lèvres. Alors tout allait redevenir comme avant, mais tout le monde irait mieux. Cette mauvaise passade allait enfin prendre fin.

— Donc, qu'est-ce qui occupait tant ton esprit ces derniers temps ? Est-ce ce fameux Elias ? demanda Julia, un sourire un coin.

La mère de famille savait parfaitement que son fils était fou de ce gendarme, il lui avait dit. Elle ne se souvenait que vaguement du visage de cet homme qui avait tenté de lui sauver la vie. Gabriel cacha son propre rictus derrière son café.

— Allez, dis-moi ! Tout cela restera entre nous.

La curiosité de sa mère le fit pouffer et il leva les yeux au ciel avant de se tourner vers elle.

— C'était bien Elias. Disons qu'on a bien évolué ces derniers temps.

— C'est-à-dire ?

— Eh bien, pour commencer, je peux l'embrasser et le câliner sans demander l'accord. On n'est pas ensemble, mais ça y ressemble beaucoup. Et je l'ai vu tout à l'heure avant de venir te voir.

— Ah oui ?

— Enfin, ce n'était pas une partie de plaisir à cent pourcents non plus. En fait, il m'a mis une amende pour excès de vitesse.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant