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Gabriel caressa une dernière fois le crâne d'Oslo avant de sortir de chez lui. Aujourd'hui, rien ne pourrait l'arrêter. Il s'était levé bien plus tôt, était parti courir avec son compagnon à quatre pattes afin que le chien se dépense et dorme une bonne partie de son absence. Il avait pris sa douche et enfilé son uniforme. Cela lui avait procuré un sentiment si fort, qu'il s'était mis à sautiller sur place en poussant des petits cris indescriptibles devant le regard perdu de son chien. Dans ce moment de félicité, il avait décidé de jouer à la corde avec lui, mais ce dernier avait fini par se coucher dans son panier, épuisé par cette matinée. Son maître avait bien trop d'énergie pour lui aujourd'hui. Il l'avait regardé passer la porte sans bouger. L'heure de la sieste et de la tranquillité était arrivée !

En arrivant à la caserne, le jeune homme fut accueilli par les collègues dont il était le plus proche. Il était revenu de temps en temps pour leur présenter Oslo et participer aux journées de sport collectif, mais avait dû les regarder partir en intervention sans pouvoir se joindre à eux. Cela lui avait fait beaucoup de mal, parfois, il avait senti une jalousie malsaine monter en lui. Aujourd'hui, il serait lui aussi dans le camion !

— Eh bien, ça, c'est un sourire ou je ne m'y connais pas ! s'exclama John en arrivant derrière Gabriel.

Le bouclé se retourna toujours guilleret et salua son mentor d'une poignée de main. Le quinquagénaire attira le plus jeune contre lui et le serra contre lui. Cette étreinte fit un bien fou à Gabriel qui se sentit enfin à la maison. Il se détacha du plus vieux qui le couvait d'un regard paternel.

— Bonjour John ! Comment tu vas ? demanda finalement Gabriel.

— Je vais très bien, je suis content de te revoir, fiston. Ce n'était pas pareil sans toi. Prêt pour reprendre le travail ?

Gabriel prit un air faussement outré face à cette question que les deux hommes jugeaient stupide. Ils connaissaient la réponse.

— Je suis né pour ça ! J'ai hâte de m'y remettre !

John lui renvoya son sourire avant de se pencher vers lui afin de lui murmurer quelque chose à l'oreille.

— Ne le crie pas si fort, n'oublie pas que l'on est là pour venir en aide aux gens. Tu serais presque à deux doigts de souhaiter un malheur, là.

Gabriel leva les yeux au ciel, un air toujours réjoui sur le visage. Il voulut rétorquer quelque chose, mais l'alarme retentit annonçant sa première intervention de la journée. Son excitation monta d'un cran et il fût le premier à arriver au camion, trop ravi de pouvoir monter dedans à nouveau. Ses réflexes étaient revenus très vite, comme s'il n'avait jamais été arrêté pendant un long mois.

— C'est un feu de poubelle au pied d'un immeuble, les informa Angelo avant qu'ils ne démarrent le camion et n'enclenchent les sirènes.

L'adrénaline s'infiltra dans le corps du plus jeune. Un feu de poubelle, ce n'était pas une intervention à haut risque, mais c'était suffisant pour lui rappeler qu'il allait passer sa journée avec ses collègues, avec John. Dans le camion, il enfila sa tenue ignifugée. Lorsqu'ils arrivèrent, le feu avait pris de l'ampleur et une voiture se consumait également. Finalement, ce n'était pas anodin pour un retour.

Gabriel vissa la capuche de sa tenue et son casque sur son crâne. Il ne réfléchit pas plus et déroula le tuyau en commençant à obéir aux ordres que lançait John aux autres combattants du feu. Chacun y mettait du sien. Sa famille, comme il le disait si bien, lui avait manqué. Aucun membre n'était inutile et c'était cela qui avait toujours fait tenir le jeune homme pendant ses périodes sombres.

Gabriel était en avant, la lance à la main dirigeant le jet à sa guise. Ils commencèrent par la voiture afin d'éviter que le feu ne fasse exploser les pneus et le carburant qu'elle contenait. Ils s'acharnaient depuis vingt minutes quand une pierre atterrit proche d'un pompier derrière Gabriel. Il se retourna une demi-seconde avant de se concentrer à nouveau sur la tâche qu'il accomplissait. La première fois, il n'y fit pas attention, pensant que ce n'était rien. Pourtant, une seconde pierre fut lancée et brisa le parebrise d'un des deux camions rouge, celui avec lequel il était venu. Puis plusieurs autres projectiles forcèrent les hommes à reculer. Gabriel ne tenta pas d'examiner la situation, il ne bougea pas, restant à son poste, prenant le risque d'être blessé. Il refusait de laisser cette voiture faire plus de dégâts. La fumée s'échappait à peine de la voiture, quand John le tira en arrière, le faisant échapper de peu à une canette de verre qui s'écrasait à quelques centimètres tout juste de là où il se tenait. Gabriel sembla revenir à lui et un sentiment d'insécurité l'assaillit. Sans qu'il ne s'en rende compte, son corps se mit à trembler. Le premier véhicule de pompier fuyait déjà au plus loin, miraculeusement intact. Le jeune homme regarda partout autour de lui, mais ne vit pas d'où provenaient les objets balancés. Le cœur battant à la chamade, il se suivit John qui se ruait vers l'arrière du véhicule.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant