Les deux petites têtes brunes avaient mangé sagement, le regard noir de Gabriel sur eux. Ils avaient été contraints à devoir mettre la table et à la débarrasser. Le pompier constatait à quel point ses frères lui ressemblait physiquement, mais qu'ils étaient des opposés dans leur comportement. Il aimait l'ordre, la discipline. Il en avait fait son métier. Et eux, aimaient être mesquins et désobligeant.
— Pourquoi maman ne vient pas nous récupérer ? demanda Lucas en croisant les bras, mécontent en s'asseyant sur le canapé, suivi par son jumeau.
— Car vous la faites chier, donc ce week-end, maman n'existe pas et vous allez rester avec moi, sauf demain soir.
— On va où demain soir alors ? questionna à son tour Samuel.
— Chez papi et mamie. Qu'on soit d'accord, si je reçois ne serait-ce qu'un appel de mamie et je vous jure que vous allez regretter que je sois votre frère. C'est bon d'être des chieurs tout le temps.
— C'est la crise d'adolescence, c'est Ophélie qui nous l'a dit, répondit Samuel, un air narquois sur son visage qui fâcha son grand frère.
— À d'autres, vous avez dix ans, deux poils au cul, vous êtes loin d'être des ados. Vous êtes des petits cons qui font de la vie de votre mère un enfer, intervint Alice à la place de Gabriel.
Samuel et Lucas s'offusquèrent de la brutalité des propos d'Alice.
— Vous allez gentiment vous mettre sur vos devoirs de la semaine prochaine avant d'aller vous brosser les dents et vous mettre dans le canapé, on va vous mettre un film pendant qu'on mangera. Un mot de travers, un geste qui ne me plaît pas et on s'en va. Et je peux vous assurer que la suite ne vous plaira pas.
— Mais on en a une tonne de devoirs pour la semaine prochaine, s'énerva Lucas.
— Ce n'est pas mon problème. Vous n'aviez qu'à les faire en temps et en heure. Si papa était là, il serait très fâché après vous, je peux vous l'assurer.
Cette dernière phrase suffit à calmer les deux frères qui baissèrent la tête. La mention de leur papa était toujours dure pour eux. Cela avait pourtant un effet immédiat. Ils prirent leurs sacs et commencèrent leurs devoirs en silence sur la petite table du salon. Gabriel soupira et s'attendrit.
— Si vous avez besoin d'aide, Alice et moi, on est là. On ne fait pas ça pour vous embêter ou parce qu'on ne vous aime pas. On le fait, car on veut que vous deveniez de belles personnes, d'accord ?
Samuel hocha la tête, boudeur, tandis que Lucas ne prit pas la peine de répondre.
Les lèvres d'Alice s'étirèrent en voyant le tableau. Elle fit signe à Gabriel de le suivre jusqu'à la cuisine ouverte, où il aurait une vue sur ses deux petits garnements.
— Une bière ? lui proposa-t-elle.
— Avec grand plaisir, merci. Tu penses que j'ai été trop dur avec eux ?
— Non, du tout. Ils avaient besoin qu'on leur remette les idées en place. En deux jours, ils ont vraiment été insupportables. Ils avaient besoin que quelqu'un gueule un bon coup.
Gabriel se détendit d'un coup et savoura sa bière et regarda ses frères.
— Je ne sais pas comment faire pour aider ma mère au mieux. Je ne peux pas déménager chez elle non plus et je n'arrive pas à respecter ce que j'ai lu.
Alice lui sourit, prenant appui au plan de travail face à son ami.
— Tu as lu sur l'éducation ? demanda-t-elle, surprise.
— Ouais, je voulais absolument les comprendre et aider ma mère, mais à chaque fois, je perds patience. Je n'ai pas la fibre paternelle.
— Car tu n'es pas encore papa. Ils ne sont pas tes fils. Je pense qu'ils ont besoin de quelqu'un qui saura les recadrer, mais en dehors de la famille.
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FRELSER
RomanceFRELSER : Héros en norvégien, la langue maternelle d'Elias, un jeune homme aux allures de viking. Un gendarme amoureux de son travail, de la vie. Héro, pour désigner Gabriel. Sapeur-pompier professionnel, prêt à risquer sa vie pour celles des autre...