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Deux heures que Gabriel s'amusait au milieu de la piste. Parfois seul, parfois rejoint par l'un des quatre amis présents. Cependant, Elias ne venait jamais seul, Lilian le suivait toujours de près. Pour ne pas voir le manège qui se tramait devant lui, le pompier avait repris quatre verres d'alcool. Il était toujours conscient de ses actes, mais l'alcool le rendait bien plus libre. Il dégageait quelque chose de sensuel qui attirait le regard des gens. Des femmes et des hommes. Il n'y avait aucun doute qu'il finirait par trouver quelqu'un pour finir sa soirée. À quelques mètres, un homme blond le regardait, attiré comme tous les autres. Ses yeux ne pouvaient se détacher de lui. Gabriel sentait son regard brûlant sur son corps, mais se refusa à relever la tête. Il continua à danser, encore et encore, se mouvant sur le rythme de la musique.

— Il est toujours comme ça quand il boit ? demanda Elias à la seule personne que Lilian ne soupçonnerait pas d'être une rivale.

— Non, là, il s'amuse vraiment, sourit Alice. Il est heureux et ça fait plaisir à voir.

La révélation d'Alice le perturba. Qu'entendait-elle par là ?

— Il ne l'est pas habituellement ?

— Non, Gabriel sort tout juste d'une dépression. La perte de son père, ça l'a dé-truit, expliqua-t-elle en détachant les mots.

Elle avait bu plus que de raison et n'avait aucune idée de ce qu'elle avouait au Norvégien. Elias était choqué par ce que venait de lui apprendre la jeune femme. Gabriel semblait pourtant très heureux quand il le voyait. Certes, il ne souriait pas tout le temps, mais lui non plus ne passait pas sa vie à s'émerveiller. Rien n'aurait pu lui permettre de penser une telle chose à propos de Gabriel. Cette donnée se fit un chemin en lui. Il tenta de détecter des moments où il aurait pu deviner que le pompier avait été dépressif, mais rien ne lui vint.

— Tu sais, continua la brune, l'éloignant de ses pensées. C'est qu'une façade, mais il tient le coup. Encore un peu et il ira vraiment mieux et il est content que tu ne le détestes pas aussi.

Elias eut un petit sourire timide. Ce n'était rien d'incroyable, mais ça lui faisait plaisir. Il regarda le bouclé s'approcher d'une jeune femme rousse magnifique, à la robe si courte que l'on pouvait presque voir sa culotte et dont le bracelet rose éclairait facilement ses attentes. Quelque chose en Elias se réveilla et il se sentit agacé. La rouquine se laissa approcher et se colla d'elle-même au pompier.

— Il n'est pas hétéro, souffla Alice à son oreille.

— Je sais, répondit Elias, la mâchoire serrée.

Il ne se comprenait pas et ne savait pas comment interpréter ses émotions si vives. Il ne connaissait pas cette fille qu'il la haïssait déjà.

— Ah ouais ? Il vous a parlé de ça ? s'étonna Alice.

— Pas vraiment, Lilian l'a forcé.

L'étudiante grimaça et jeta un regard noir au second gendarme qui parlait avec son conjoint.

— Je n'aime pas ton mec. C'est un con.

Elias souffla. Ouais, c'était parfois l'effet que faisait Lilian. Gabriel aussi lui avait fait comprendre que Lilian n'était pas le meilleur homme sur Terre. Il le savait, mais il l'aimait et personne ne le connaissait aussi bien que lui.

— Il n'est pas méchant, il suffit de le connaître.

— Il est prétentieux et calculateur.

Il arqua un sourcil et se tourna vers la jeune femme. Sa réponse avait été du tac au tac. Elle y avait donc réfléchi un long moment. Comment pouvait-elle juger une personne en seulement deux heures ? Il ne savait pas s'il devait la détester où apprécier son honnêteté.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant