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Quand elle toqua pour la quatrième fois sans avoir de réponse, Alice décida d'ouvrir cette porte d'elle-même. Dieu merci, elle avait toujours eu un double des clés de l'immeuble de son ami. Le chien noir qui aboyait depuis tout à l'heure lui fonça dessus et elle poussa un cri, apeurée. Elle savait que ça risquerait d'arriver, mais elle voulait s'assurer que son ami allait bien. Elle avait reçu un message de la part d'Elias qui lui demandait gentiment de prendre le relai pour aujourd'hui sans aucune précision. Avant que le canidé ne lui saute dessus, elle entendit quelqu'un l'appelait depuis le fond de l'appartement. Le chien regarda Alice une dernière fois, avant de courir vers son nouveau maître.

L'étudiante le suivit et en arrivant, la porte de chambre était grande ouverte. Le spectacle sous ses yeux lui fit beaucoup de peine.

— Gaby ? tenta-t-elle en s'approchant de son ami qui sanglotait, recroquevillait sur lui-même.

— Va-t'en...

Ce n'était pas aussi virulent que la dernière fois qu'il avait était au plus bas, cette fois, il semblait simplement à bout de force. Il savait aussi que sa demande ne serait pas respectée et pour une fois, ça lui allait. Il avait besoin d'aide. Il avait besoin d'Alice. Elle était la seule à pouvoir le comprendre et à pouvoir lui remonter le moral.

— Chouquet... Parle-moi, lui intima Alice en retirant ses chaussures.

Oslo parut comprendre et se coucha au pied du lit. Alice s'allongea dans le dos de Gabriel et embrassa son épaule avec une telle douceur qu'il frissonna.

— On... Je...

Il n'arrivait même pas à faire une phrase correcte sans avoir du mal à respirer et à s'exprimer. Une plainte sourde sortit de sa bouche, il avait cette affreuse impression qu'on lui arrachait le cœur et que l'on s'amusait à y planter des aiguilles, encore et encore. Il voulait hurler, crier sa peine. Il avait joué avec le feu en restant proche d'Elias et il en payait le prix. Et, quel prix ! Alice lui caressa les cheveux tendrement. Elle était la douceur qu'il lui fallait.

— D'accord, Gaby. Je vais essayer de deviner et tu me diras si c'est ça. Est-ce qu'Elias est concerné ?

Le pompier hocha difficilement la tête. Gabriel savait qu'il ne servait à rien de se cacher d'Alice. Elle ne le jugerait jamais. Il se tourna vers sa meilleure amie qui eut du mal à retenir sa fureur contre Elias. Qu'avait-il fait ? Le visage de Gabriel était bouffi et ses yeux étaient si rouges qu'elle se demanda si elle reverrait la couleur grise de ses iris. Son nez coulait, mais il n'avait même pas cherché à se moucher.

— Je vais te chercher un gant, on va te nettoyer un peu le visage et après, on va respirer ensemble. On va en parler, d'accord ? Je suis là maintenant, je vais m'occuper de toi.

Gabriel ne répondit rien de plus, attendant simplement que ce petit bout de femme revienne vers lui avec un gant froid qu'elle passa sur son visage. Elle le débarbouilla comme s'il était son enfant. Elle le força à se lever et Oslo les suivit aussitôt jusqu'au salon. Alice remarqua que les affaires du chien n'étaient même pas déballées.

— Tu sais ce que l'on va faire ? lui proposa-t-elle. Toi et moi, on va installer ton nouvel ami ici, puis on le sortira un peu. Ça vous fera du bien ! Tu veux bien que l'on fasse ça ?

Gabriel se contenta de hocher la tête une nouvelle fois. Il ne voulait pas ouvrir la bouche sous peine de pleurer encore plus fort si possible. Alice se dirigea vers le gros coussin qui servirait de panier et arracha l'étiquette.

— Je le mets où ?

Le brun montra un espace à côté du canapé. Alice posa le panier et invita le chien à s'y rendre. Oslo n'osa pas l'approcher au début. Il attendait d'être sûre que cette inconnue ne voulait pas de mal à son maître. L'étudiante ne força pas auprès du canidé et préféra terminer sa tâche. Elle remplit les gamelles avec de la nourriture et de l'eau. Oslo se jeta dessus, tandis que Gabriel se laissa tomber sur le canapé. Ses larmes s'étaient taries.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant