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Alice revoyait la scène encore et encore, une culpabilité la rongeant. Elle avait vu Elias parler avec Raphael alors qu'elle se dirigeait vers les toilettes. Gabriel était retourné sur la piste. Il était tout dégoulinant de sueur. C'était ça qui lui avait donné son premier haut de cœur. Contrairement à ce que tout le monde imaginait, ça n'avait rien de sexy un homme transpirant. Ce qui avait fini de l'achever, ce fut de le voir, lui, en train d'échanger des mots virulents avec ce type. Au début, elle avait pensé que le gars en question l'avait sans doute bousculé et que Lilian réagissait bien trop vivement. Vu le tempérament de cet homme, ça n'aurait pas étonné la brune. La seconde d'après, le petit brun face à Lilian s'était mis à pleurer et le gendarme avait posé ses mains sur ses joues. Il avait vérifié tout autour de lui, sans la voir et il avait roulé une pelle d'enfer à ce mec. Il l'avait pris dans ses bras, lui murmurant des choses qu'elle n'avait pas pu entendre à cause de la musique et du brouhaha alentour. Puis Lilian, l'avait de nouveau embrassé avant de l'emmener dans les toilettes des hommes. Ce fût le moment qui l'avait achevé. Elle avait couru aussi vite que possible jusqu'aux toilettes à son tour, mais n'avait pas pu les atteindre à temps. Le contenu de son estomac au sol, elle pleurait à chaudes larmes. Elle ne connaissait pas Elias depuis longtemps, mais elle était une grande adepte de l'amour véritable. Elle se doutait que l'immigré aussi l'était. Cette révélation allait le détruire. Puis tout s'était passé très vite, Gabriel se trouvait à côté d'elle, la menait dehors tandis qu'Elias cherchait son partenaire. Lilian avait refait son apparition en moins de dix minutes et ils étaient tous sortis de la boîte. La soirée était finie.

La pluie s'abattait forte sur la ville. L'étudiante n'arrivait pas à écouter le cours dans lequel elle était. La fin du week-end avait été riche en émotions, bien plus pour Gabriel que pour elle.

— Tu en es certaine ?, lui avait-il, demandé le dimanche après-midi en se réveillant.

— Certaine Gaby, j'ai bien bu, mais je ne suis pas du genre à avoir des hallucinations. Ce Lilian trompe son futur mari.

Gabriel était rentré chez lui, rageux.

La météo semblait refléter le moral des deux amis aujourd'hui. Raphael était à la maison et pouvait se permettre de se reposer un peu plus. Il n'avait pas cessé de dire à sa compagne de ne pas s'occuper de cette affaire. Après tout, ils ne connaissaient même pas Lilian et Elias. Ils n'étaient que les amis d'un ami. Rien de plus.

Le grondement sourd de l'orage ramena Alice sur Terre. Cette journée était grise, comme son esprit.

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Elias sentait que quelque chose lui échappait. Lilian était assis dans la voiture à ses côtés, mais ne lui disait rien. Il était sur son téléphone tout du long. Il était déjà dix-sept heures et ils patientaient près la route. Ils s'étaient arrêtés afin de faire une petite pause.

— Avec qui tu parles autant ? ne put-il s'empêcher de lui demander.

— Ma psy.

— Toute la journée ? Je ne suis pas stupide non plus, Lilian.

Le gendarme releva son regard brun vers son fiancé. Elias affichait un visage fermé et impassible. Il voulait des réponses et il les aurait. Il rangea son téléphone dans sa poche et joua avec ses doigts.

— Ce sont mes parents, avoua Lilian. Ils se sont encore disputés. Ma mère me dit qu'elle va demander le divorce.

Le second sentit la tristesse émaner de son conjoint. Il s'en voulut aussitôt d'avoir mis en doute la parole de Lilian avant de reprendre une expression sévère.

— Tu m'as menti. Pour la première fois, en cinq ans, tu m'as menti. Pourquoi ?

— Je ne voulais pas que tu t'inquiètes, c'est tout.

FRELSEROù les histoires vivent. Découvrez maintenant