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Hicham surfait sur la côte d'opale. Fraîchement diplômé, il profitait de ses dernières vacances avant de rejoindre le cabinet d'avocats d'affaires Kilroy, Young and son, à Paris, où son père l'avait fait engager. C'était l'un de leurs principaux clients. Il était heureux, le jeune homme au sourire ultra-brite. Il allait enfin pouvoir s'affranchir du compte en banque de ses riches parents. Il avait d'ailleurs refusé de profiter de la résidence secondaire du Touquet.

Il surfait donc, faisant signe à une naïade, sa petite amie, restée sur la plage privée qu'il avait louée grâce aux subsides paternels. Il n'allait pas se mêler à la populace des plages de Stella ou Merlimont.

Brusquement, il entendit un bruit énorme, comme un sifflement, et un cri émanant de la jeune Jennifer. Il se sentit déséquilibré et disparut sous une énorme vague. Il réapparut quelques minutes plus tard, rampant sur le sable, toussotant et recrachant de l'eau. Jennifer accourut vers lui. Tandis qu'elle s'empressait, il la repoussa méchamment.

— Qu'est qui a bien pu se passer ? Je n'ai encore jamais vu une vague pareille.

Voyant qu'elle ne répondait pas, il leva enfin les yeux sur elle. Elle était très pâle, effrayée. Elle ne pouvait détacher les yeux de la ligne d'horizon.

— Et bien quoi ? Tu as vu un fantôme ?

— Ce qui a causé la vague...

— C'est quoi ?

— ...C'est...

— Tu vas cracher le morceau, oui ?!

— ...Une soucoupe volante !

Il partit d'un grand éclat de rire. La naïade parut déconcertée.

— Qu'est-ce que tu peux être idiote, parfois ! railla-t-il.

Il rit de plus belle et continua sur le même ton.

— Et moi, je suis Captain America. Je surfais sur mon bouclier et il a disparu sous l'eau.

Il continua ainsi ses moqueries durant plusieurs minutes. La jeune fille était au bord des larmes. Il rentrèrent à l'hôtel et n'évoquèrent plus le sujet de toute la soirée.

Cependant, le lendemain, ils furent expulsés de la plage privée par l'armée, malgré les protestations d'Hicham qui argumenta sur le fait qu'il était avocat et que ça ne se passerait pas comme ça. A l'horizon, des bateaux militaires draguaient le fond.

PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant