L'homme au verre de vin avait une longue barbe et le crâne dégarni. L'œil scrutateur, il prit son temps avant de parler.

— Voulez-vous un drink ? Il s'agit d'un wonderfull bourgogne qu'un de nos frère a offert à la communauté.

Valentini regarda la bouteille posée sur le bureau. Le liquide couleur carmin et la poussière sur l'étiquette parlaient en faveur du présumé nectar.

— Sans façon, ce n'est pas une bonne année. Mais dites-moi, vos « frères » ont des moyens conséquents.

— Nous accueillons tout type de personne au sein de notre groupe. Du plus humble au plus fortuné.

— Et chacun, bien entendu, se déleste de ses biens à votre profit... Enfin pardon, au profit de la communauté.

— Chacun est libre de ses actes. Qui êtes-vous ?

— Je représente l'état. Et il se troupe que j'ai appréhendé l'un de vos frères. Wim VanVrincken.

— Je ne connais pas.

— Bellâtre, blondinet, la trentaine. Il se fait appeler Constant.

— Frère Constant ? Pour quelle raison ?

— Il trainait trop près d'un site protégé. Et les sites protégés ont une particularité : les intrus y sont proscrits.

— Veuillez croire que j'en suis désolé. Vraiment, so sorry. Mais les membres de notre communauté sont libres de leurs actes. Totally free, without control.

Le gourou gardait un visage impassible et affable. Il dégustait son vin par petites gorgées. Le soleil entrait par les grandes fenêtres et donnait maintenant au liquide une couleur rubis. Valentini eut un regard circulaire. Hormis la table, la pièce était vide.

— Quel est son rôle, ici ?

— Au frère Constant ? Aucun en particulier. Il est juste one of us. Une partie éclairée du Grand Tout.

— Qui sont les être du Grand en Haut ?

Le coup de dés n'eut pas l'effet escompté. Le maître des lieux ne se démonta pas. Il se redressa, prêt à répandre la parole.

— Ils sont à la fois nos maîtres et nos créateurs. Les créateurs de toutes choses, en réalité. Ils sont venus plusieurs fois sur notre planète. Ils y ont implanté la vie et un moule pour qu'elle s'y développe.

— Avez-vous eu des contacts, avec eux ?

— Absolument aucun récemment.

— Ce qu'est allé voir Constant, de sa propre initiative, c'est eux ?

— J'en suis persuadé.

— Vous vouliez qu'il les contacte ?

— Notre seul objectif est de leur rendre grâce. Alors, si nous sommes suffisamment dignes de leur bienveillance, ils poseront les yeux sur nous.

Il regarda fixement Sandra.

— Et sur vous. Je suis sûr que ce que vous cherchez se trouve ici. Nous prenons soin les uns des autres. You are welcome here.

La jeune femme fut surprise, décontenancée.

— On y va, coupa Valentini. See you next time, great guru.

Il emmena Sandra hors du château, vers la voiture. Elle était énervée, agacée.

— Qu'est-ce qu'il me veut, ce taré ?

— Il veut vous enrôler. Il a dû repérer une faille à exploiter en vous. Je suis sûr qu'il est bon à ce petit jeu. N'y prêtez attention.

Sandra s'arrêta.

— Une faille ? Quelle faille.

Elle reprit sa marche derrière l'agent.

— Hé, je n'ai aucune faille !

Ils montèrent en voiture et partirent.

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