Valentini n'avait qu'une hâte, rejoindre l'abbaye flamande. Cependant, une mauvaise surprise l'attendait. Un checkpoint bloquait l'accès routier. Il reconnut l'unité commandée par Jasper-Gauthier.

— Que font-ils ici, eux ? s'inquiéta Sandra.

— Peu importe, j'ai toujours une accréditation.

Il avança jusqu'au barrage et présenta ses papiers au militaire. Après un coup de téléphone, celui-ci leur indiqua de se rendre immédiatement à l'abbaye.

A peine furent-ils descendus de voiture qu'une troupe lourdement armée les entoura et les escorta jusqu'au bureau de l'abbé. Sur le siège au haut dossier trônait Jasper-Gauthier. Ce dernier avait un sourire carnassier. Son aide de camp partit sans demander son reste.

— Valentini. Vous voilà revenu.

— Qu'est-ce que c'est que ce bordel, colonel ? Pourquoi l'armée est-elle ici ?

— L'armée est très organisée. On suit les ordres, nous.

Les deux hommes échangèrent un regard glacial.

— Je me suis renseigné sur vous, capitaine Valentini.

Sandra se tourna vers son partenaire, surprise. Avoir un grade ne correspondait pas à ce qu'elle voyait depuis le début.

— Capitaine Valentini, continua, le colonel en lisant ses notes, ancien officier du DRM – il s'agit du renseignement militaire, mademoiselle-, mis à pied pour insubordination.

Il releva les yeux vers l'agent.

— Vous avez frappé votre supérieur direct. Si ça ne tenait qu'à moi, vous auriez été viré sans attendre.

Il se replongea dans ses notes.

— Actuellement, vous travaillez pour la DGSI.

— En effet, et vous n'avez d'ailleurs aucune autorité pour m'empêcher d'aller et venir sur le secteur.

Jasper-Gauthier ferma son dossier.

— Voyez-vous, j'ai quelques contacts à la DRM qui ont eux-mêmes des contacts à la DGSI. Vous avez clairement un problème avec la hiérarchie et commencez à agacer. Vous n'aviez qu'une simple mission d'observation et d'évaluation. Votre travail est terminé. Je ne vous retiens pas.

Sandra et Valentini tournèrent les talons.

— Dites-moi juste où est le moine, ajouta le colonel.

Valentini jeta un œil par-dessus son épaule.

— Vous avez perdu le frère Pierrick ? Bien joué...

Ils sortirent, escortés par des hommes armés jusqu'aux dents. Une fois en voiture, une Peugeot P4 les accompagna jusqu'à la barrière qu'ils franchirent sans un mot. A peine sortis, Sandra se tourna vers Valentini.

— Alors c'est fini ? Vous abandonnez ? Ces types n'en ont rien à faire de ce qu'ils ont face à eux. Ils vont juste tirer dans le tas et tout casser.

Valentini tourna sur un chemin de champ et arrêta la voiture.

— Je pense avoir une idée d'où est allé le moine. Je ne pense pas le colonel puisse correctement quadriller la forêt.

Ils descendirent du véhicule et s'enfoncèrent à travers les arbres.


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