Robert Maquenhem sirotait sa petite goute de l'après-midi. Après une bonne journée de travail, rien de tel qu'un petit remontant pour entamer la soirée. Depuis qu'il avait vu son champ abîmé par une boule extraterrestre, la goutte se complétait généralement d'un bon verre rempli à ras-bord. Il finissait généralement étalé sur son canapé, et sortait de sa torpeur pour se coucher vers minuit. Le lever, aux aurores, était des plus compliqués.
Il avait fini son deuxième verre de genièvre lorsqu'il vit, par la fenêtre, un Duster passer le porche et s'arrêter devant l'entrée. Un homme et une femme en descendirent. Il sortit sur le pas de la porte.
— Quoi qu'vous me voulez ?
— Vous êtes bien monsieur Robert Maquenhem ?
— Oui. J'a rin à dire aux journaleux.
— Nous ne sommes pas journalistes.
— Qui que vous êtes, alors ?
— Si vous nous laissiez entrer ? On pourra discuter.
*
Sandra observait l'intérieur de la maison. C'était la première fois qu'elle entrait dans une ferme. Et c'était beaucoup moins bucolique que dans son imagination. Un intérieur pauvre, des meubles en formica datant probablement des parents du propriétaire actuel. Elle revint à la conversation, fort peu animée.
— ... et comme le gouvernement m'a pas indemnisé, j'y suis de ma poche pour le saccage du champ.
— Donc, vous devez en vouloir terriblement, à ces êtres venus d'ailleurs.
— Bof. J'en veux surtout aux cons de Paris.
Le fermier leur avait offert une bière, qu'elle avait refusé. Valentini n'avait pas touché à la sienne. La femme du fermier les avait rejoints.
— Monsieur Maquenhem, je vais être franc. Une lettre de menace a été envoyée à l'intention de nos visiteurs.
— Et alors. J'ai rien à voir avec ça. J'ai déjà rien à foutre des étrangers de notre planète, alors ceux d'une autre...
— La lettre a été postée prêt d'ici. Et aux alentours, je ne vois pas qui pourrait leur en vouloir.
La femme du fermier quitta précipitamment la pièce. Intriguée, Sandra la suivit. Elle la retrouva dans la cuisine, devant un vieil évier en émail, où elle se servait un verre d'eau.
— C'est vous, n'est-ce pas ?
La fermière sursauta.
— Quoi ?
— La lettre, c'est vous qui l'avez écrite ?
Elle reposa son verre, hésita.
— Oui.
— Pourquoi ?
Elle s'assit.
— Depuis cette histoire, le vieux est plus pareil. Il a toujours aimé la bouteille, mais il était jamais saoul en semaine. Maintenant, dès quatre heures de l'après-midi, y a plus personne. A ce rythme- là, on s'en sortira jamais.
— Personne ne peut vous aider ?
— Les enfants sont loin. J'avais la rage. Est-ce qu'on va avoir des problème ?
— Mais non. Ce n'est pas grave en soi. Je vais essayer de convaincre mon collègue.
*
Le Duster repartait en direction de l'abbaye.
— Qu'est-ce qui va leur arriver ? demanda Sandra.
— Pas grand-chose, à mon avis.
— Est-ce qu'on pourrait... ?
— Est-ce qu'on pourrait quoi ?
— Les aider ?
Valentini sourit.
— Il va falloir vous endurcir.
— Si j'étais plus dure, je n'aurais pas forcément compris, pour elle.
— On va dire que, vu vous avez prouvé votre utilité, on sera gentils pour cette fois. On va essayer de leur débloquer une aide.
Le Duster roulait dans les champs de maïs.
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Prémices
Science FictionÇa y est, ils arrivent, tombant du ciel. Un héros de film sait comment il va réagir. Mais monsieur tout le monde ? 9 histoires seront publiées, à l'issue desquelles vous pourrez accéder à un sondage et choisir les 3 personnages principaux de l'histo...