Sandra se rongeait les ongles. Elle occupait la petite pièce qui lui avait été attribuée dans la caserne de Lille, seule depuis quelques heures. Valentini entra et déposa un gobelet de café devant elle. Elle le mit à la bouche.

— Pouah ! cracha-t-elle.

— Je vous accorde qu'il est infect.

Le liquide brûlant coulait le long de la table de plastique blanc. Elle avait reposé trop vite le gobelet.

— Alors ? demanda-t-elle.

— Alors, muet comme une tombe. Il est en extase dès qu'il parle de son gourou, maître ... Vinius l'étoilé ou un truc du genre. Mis à part ça, il n'est pas loquace.

— Et le moine ?

L'agent prit une chaise avec lassitude et s'assit. Il se frotta les yeux.

— Le moine ne sait rien. C'est juste un crétin.

Il sortit une cigarette et la tapota sur la table.

— Vous fumez ? demanda Sandra. Je ne vous ai jamais vu avec une cigarette.

— Plus depuis quinze ans. Vous avez dormi ?

— Un peu, sur le lit de camp qu'on m'a amené.

Elle indiquait un lit plié dans un coin. L'agent se leva après avoir écrasé la cigarette qu'il n'avait pas allumée et se dirigea vers la porte d'un pas décidé.

— J'y retourne, il doit être mûr.

Il longea un long couloir blanc, éclairé par des tubes au néon, et entra dans la petite salle d'interrogatoire que l'armée avait mise à sa disposition. Le frère Constant attendait, des cernes sous les yeux. Valentini s'assit face à lui, le regard fixe, posa son dossier, l'ouvrit et croisa les mains dessus.

— Bon, reprenons. Nous avons un dossier sur votre gourou. Petite secte, signalée, mais pas réellement dangereuse. On y baise un peu, on y arnaque un peu. Rien de très surprenant.

Constant tourna la tête, scrutant les murs monochromes.

— La question est, continua Valentini : Qu'est-ce qu'une secte à la con fait dans cette histoire ?

En réponse, un fin sourire apparut sous la tignasse blonde. Valentini ferma le dossier d'un coup sec.

— Bon, vous me gavez. Je vais faire embarquer vos amis, certains seront probablement plus loquaces.

Le sourire disparut.

— Vous n'avez pas le droit...

Le sourire changea de camp, et passa de « provocateur » à « ironique ».

— Le droit, vous savez, dans ces circonstances...

— Ok... Nous les attendions. Nous n'existons que pour eux.

— Vous les attendiez qui ?

— Les êtres supérieurs.

— C'est-à-dire que vous saviez qu'ils allaient arriver ?

— Notre maître a été contacté par les êtres du Grand en Haut. Sa mission était de préparer leur venue et de les accueillir. Une ambassade a été créée dans les montagnes.

— D'accord. Et bien, je vais aller parler à votre « maître ». On va préparer le premier contact. Quelle est la montagne concernée ?


PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant