Les Ardennes, cette basse chaîne de montagnes, à cheval sur trois pays, se reflétaient sur la vitre du véhicule de Valentini. Et à la grande surprise de Sandra,ce dernier s'était plusieurs fois extasié sur la beauté du paysage. Elle ne l'imaginait pas passer ses weekends dans la nature. Elle n'avait, d'ailleurs, aucune idée de ce à quoi pouvaient ressembler les weekends de cet homme. Au fond, elle le connaissait peu et depuis quelques jours à peine.

— Je ne suis pas venu ici depuis des années, précisa-t-il en passant près de Givet.

— Vous connaissez le coin ?

— J'y suis venu avec ma femme, il y a longtemps.

— Vous êtes marié ? Vous ne portez pas d'alliance...

— Divorcé.

Le voyage se poursuivit jusqu'au fin fond du parc régional, assez loin de toute trace de civilisation. Le chemin devint praticable uniquement pour les 4x4 et les véhicules agricoles. Derrière une forêt apparut une grande maison délabrée entourée de yourtes et de préfabriqués. Des gens en train de jardiner ou de méditer les regardaient avancer sur l'allée d'un œil méfiant. Un gros SUV BMW était stationné en bas du perron. Valentini se gara à côté, descendit de voiture et monta les marches, Sandra sur les talons.

Si l'extérieur de la maison était délabré, l'intérieur semblait propre et fraichement rénové. Valentini interpella une femme qui se rendait vers l'extérieur, mais elle fila sans les regarder.

— Pas très polis, les fidèles... railla l'agent.

— Ils n'ont pas droit à la communication vers l'extérieur, scanda une voix venue du premier étage.

Sandra et son compagnon se retournèrent et aperçurent un homme chauve et assez grand qui descendait l'escalier y menant.

— Un peu sectaire, comme approche, réprouva Valentini.

— Seul ceux qui ont passé l'épreuve ont ce droit.

L'homme était maintenant face à eux. Il rendait une bonne tête à l'agent, pourtant déjà plutôt grand.

— Vous êtes le maître des lieux ? demanda ce dernier.

— Non, simplement son plus ancien adepte, et j'ose croire, son ami.

— Ok, donc, ce n'est pas à vous que j'ai affaire. Je veux voir votre boss.

— Ce ne sera pas possible. Il est en pleine méditation.

— Eh bien, il fera une pause. Trop de méditation, c'est mauvais pour la santé.

— Ah moins que vous ayez une commission rogatoire ou un mandat d'amener, vous ne le verrez pas.

Valentini commençait à avoir l'extrémité des oreilles qui chauffait.

— Ecoutez, vu les circonstances, soit je parle à votre boss, soit je fais raser la zone et arrêter tout le monde pour suspicion d'organisation terroriste. Et croyez-moi, vu la circonstance, j'aurais pas besoin d'un papier officiel.

L'homme prit le temps de réfléchir. Il semblait ébranlé par l'assurance de l'agent.

— Bien, suivez-moi.

Ils avancèrent entre les murs blancs d'un couloir.

— Vous pouvez vraiment faire ça ? glissa Sandra à l'oreille de son équipier.

— L'important, c'était qu'il en soit convaincu.

Au bout du couloir, le chauve ouvrit une double porte qui révéla un grand bureau, avec, derrière, un homme faisant tourner du vin dans un verre.

— Soyez les bienvenus, mes amis.


PrémicesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant