Prémices

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Robert Maquenhem arpentait son champ de maïs, l'air satisfait du devoir accompli. C'est qu'il en avait abattu, de l'ouvrage, pour avoir une si belle récolte. Son père devait être fier, là où il était, lui qui avait légué sa ferme à Robert en lui disant : « Roby, c'est le bien le plus précieux que m'ait laissé mon père. A toi de t'en occuper. Et surtout, ne passe jamais au bio ! ». Le vieux n'avait jamais pu encadrer le moindre changement.

Le fermier regagna ses pénates, le sourire aux lèvres. Sourire qui s'agrandit encore lorsqu'il vit que son épouse – cette sainte femme – lui avait concocté des nuggets de poulet. Puis, il alla se coucher, un air béat d'autosatisfaction sur les lèvres. Ah, qu'il faisait bon vivre, dans les Hauts-de-France.

Au milieu de la nuit, le couple fut réveillé par un bruit énorme qui venait du champ de maïs. De suite, Robert fut sur pieds, fusil en mains. Il se précipita pour voir qui osait s'attaquer à son plus bel enclos.

Quand il arriva, il vit d'abord de la fumée qui montait entre les épis. Il s'approcha prudemment. Ce qu'il découvrit l'étonna et l'effraya à la fois. Lui qui n'avait jamais cru en l'existence des extra-terrestres – les petits hommes verts, tout ça, c'est des conneries - se retrouva face à une sorte de soucoupe volante. Et bien qu'elle ne ressemblât à rien de ce qu'il pouvait avoir imaginé – à savoir, peu ou prou une grande assiette – il était sûr que ce n'était pas un engin de l'armée. Le vaisseau était d'une taille similaire à un avion de tourisme, mais de forme ovoïde et sans aile. De couleur gris/violet, il semblait n'avoir aucune ouverture.

Maquenhem fut tiré de ses observations par un bruit de sirène. Son épouse avait appelé la police. Les hommes de loi rejoignirent le fermier et furent aussi déconcertés que lui en découvrant l'appareil. Ne sachant que faire, les gendarmes appelèrent leurs supérieurs, qui vinrent constater. L'armée de l'air fut contactée. L'histoire remonta aux plus hautes sphères de l'état. En arrivant, les militaires dispersèrent les curieux qui s'étaient amassés. Parmi ceux-ci, le fils d'un gendarme, le jeune David Calny, réussit à prendre une photo avec son téléphone. Photo de piètre qualité, au demeurant. Malheureusement, un soldat le vit et lui confisqua l'appareil.

A partir de là, tout se passa très vite. L'aéronef inconnu fut enlevé et emmené dans un lieu sécurisé. Un communiqué fut rapidement publié dans la presse et sur les réseaux sociaux :           « Concernant l'incident d'aéronef d'Arleux-en-Gohelle (62), l'objet tombé au milieu du champ de monsieur Robert Maquenhem s'avère être un satellite expérimental de l'armée à but météorologique ».

Mais malgré les dénégations, Robert savait bien que ce qu'il avait vu n'était pas l'œuvre d'un être humain. A sa grande satisfaction, dans les jours qui suivirent, il fit les choux gras des réseaux sociaux.