Prémices

3

L'arrivée du Duster, près de la zone protégée, passa inaperçue au milieu de la cohue ambiante. Le village lui-même faisait l'objet d'une agitation peu habituelle. De nombreuses voitures étaient stationnées aux abords, souvent propriétés de journalistes. Les envoyés de Valla se présentèrent devant le barrage qui marquait l'entrée du site. Valentini montra un ordre de mission, délivré par ses supérieurs, qu'une sentinelle détailla d'un œil soupçonneux.

— Vous pouvez passer, finit-il par valider en rendant le papier.

La voiture roula quelques instants dans un chemin de champs. Il fallut ensuite s'arrêter pour continuer à pied.

— Sérieux, ils ne pouvaient pas s'écraser en zone urbaine ?!

Sandra avait marché sur une bouse dès sa sortie de voiture. Pierrick étant déjà loin devant, elle dut presser le pas pour le rattraper sans avoir le temps de nettoyer sa chaussure. Ils arrivèrent devant l'arbre assez rapidement. Les militaires s'étaient éloignés à distance de sécurité. Ils tentèrent d'empêcher Valentini d'avancer, mais celui-ci ne s'occupa nullement d'eux. Les trois équipiers se dressèrent bientôt face à Galann et une jeune femme blonde, accompagnée d'un petit bouledogue. Le moine s'avança.

— Mes respects, Galann. Je me nomme Pierrick. Je représente Valla.

— Je sais qui vous envoie. J'ai senti sa présence en vous.

— Je me nomme Pauline, annonça la jeune fille. Je suis la représentante de Galann... Je ne saisis pas comment c'est possible, mais je sais que c'est le cas.

— Vous avez touché l'arbre ? demanda Valentini.

— En effet.

— C'est le premier contact physique avec l'ambassade qui confère ce don. Bien vu, monsieur Valentini.

Ils ouvrirent de grands yeux. Comment pouvait-il connaître le nom de l'agent ?

— Nous sommes en constante communication, ne l'oubliez pas, et ce, dès l'éclosion de l'ambassade. Je sais que Valla souhaitait que nous ayons le même représentant. Cependant, ne soyez pas déçu. Il est fort probable que ce type de tentative échoue, ou pire, endommage l'hôte.

Pierrick ouvrit une bouche démesurée. Il aurait pu y passer. Valentini lui asséna une tape sur l'épaule.

— Si vous souhaitez tout de même tenter l'expérience, continua Galann, une autre ambassade va éclore. Pauline va vous y conduire.

Maintenant composée de quatre personnes, la petite équipe retourna vers le Duster. Il fallut tout de même traîner un Pierrick toujours hébété.

— Je vous préviens, annonça sentencieusement Valentini, ne salissez pas ma voiture. Et je ne parle pas que du chien moche.