Le réseau s'agrandissait. Au fur et à mesure que la nouvelle s'était répandue, internet avait tissé sa toile. Sur les millions d'échanges, certains s'étaient retrouvés sur le fait que les nouveaux arrivants représentaient un danger. Et parmi ces chats, blogs et autres réseaux sociaux, des petits groupes s'étaient formés. Il s'agissait généralement d'échanger, et plus globalement, de se monter mutuellement la tête en échangeant de fausses informations. Cependant, une minorité songeait à passer à l'action. Certains avaient même pris le nom de « résistance ».

C'est à la réunion d'un de ces groupes que Noé Hamon se rendait. Jeune cadre dynamique, il s'inquiétait pour son avenir et voulait partager ses craintes. Comme indiqué sur internet, il était venu de Lille en train et découvrait le quai de la gare d'Arras. Pour lui, la voiture était une aberration issue du vingtième siècle. Si la réunion durait tard, il prendrait une chambre dans un hôtel. Il entra, sur son téléphone, l'adresse qu'un inconnu lui avait envoyée. L'homme se faisait appeler Saint-Just. Il y avait peu de chances que ce soit son vrai nom.

Noé descendit la rue commerçante et traversa le centre-ville. La ville était jolie, avec beaucoup plus d'activités, de bars et de commerces que ce lillois de souche n'imaginait. Après avoir beaucoup tourné, il passa devant une église puis vira à gauche. Quelques mètres au début d'une petite rue, une maison à l'air abandonnée portait le numéro qu'on lui avait communiqué. Une porte de cave extérieure était ouverte. Il hésita quelques instants, puis entra d'un air résolu.

La cave était poussiéreuse et contenait de nombreux objets à l'abandon, de vieilles bouteilles vides ou des caisses de bois, certaines éventrées. Au fond de la cave, deux hommes montaient la garde. Ils lui demandèrent de présenter son accréditation. Il supposa que c'était l'invitation reçue par mail et avança son mobile. Après vérification, l'un des hommes ouvrit une porte dérobée et l'invita à entrer. Avec lenteur et hésitation, il avança. L'idée d'un piège sordide lui avait traversé l'esprit, mais la curiosité était la plus forte. Un escalier s'enfonçait dans le sol. Il le descendit et déboucha sur une seconde cave, plus grande. Une dizaine de personnes, de tous bords et origines sociales, étaient déjà présentes et attendaient. Personne ne parlait.

Deux autres agents de sécurité étaient présents. L'un d'eux ouvrit une porte. Un homme masqué fit son apparition. Il s'avança jusqu'à un pupitre préparé à l'avance.

— Mes amis, vous savez tous pourquoi vous êtes là. Une présence nouvelle a fait son apparition sur terre. Enfin, quand je dis « nouvelle », qui peut savoir depuis combien de temps ils nous observent, nous évaluent ? Des dizaines, des centaines d'années ?

Approbation dans la foule.

— J'aimerais à penser, comme nos hommes et femmes politiques, que leurs intentions sont pacifiques. Mais que savons-nous de leurs intentions ? Que savons-nous d'eux exactement ? Nous n'avons jamais repéré leur approche. Une civilisation, qui plus est avancée d'un point de vue technologique, qui n'aurait pas de mauvaises intentions n'aurait-elle pas progressé vers la Terre à visage découvert ?

Nouvelle approbation. Un jeune homme semblait particulièrement excité et applaudissait.

— Aujourd'hui, je vous l'affirme : Nos dirigeant se conduisent comme des bisounours. Alors qu'ils devraient être méfiants et intransigeants. Ce que nos visiteurs appellent des « ambassades » se multiplient. Qui nous dit qu'il ne s'agit pas d'armes de destruction massive ?

Saint-Just laisse passer un brouhaha effrayé.

— Ce que je vous propose, c'est d'unir nos forces et nos moyens pour découvrir ce que cachent ces êtres venus d'ailleurs, et trouver un moyen de les contrer.

La réunion touchait à son terme. Quelques minutes plus tard, Noé se trouvait sur le trottoir à côté du jeune homme qui applaudissait.

— Il est charismatique, vous ne trouvez pas ?

— Il a surtout raison. Sur toute la ligne. Je vais l'aider. Et vous ?

— Je ne sais pas comment, mais je pense aussi. Je m'appelle Noé.

Il lui tendit une main timide que l'autre prit et sera avec virilité.

— Hicham.


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