Sandra Choque dessinait depuis des heures maintenant. Elle n'avait pas bougé depuis qu'ils étaient venus la chercher. Heureusement, ils lui avaient laissé ses affaires, excepté son téléphone portable. Elle n'avait toujours pas été informée de la raison de sa pseudo arrestation, même si elle se doutait que ça avait un rapport avec les objets qui s'étaient écrasés dans la région.

Un officier entra et lui fit signe de le suivre. Il était seul, mais armé. Après avoir arpenté un long et sombre couloir aux néons parfois clignotants, il la fit entrer dans un bureau. Un civil d'une quarantaine d'année était assis et consultait un dossier. Il lui fit signe de s'asseoir sans la regarder. Il continua à lire et à tourner les pages, faisant fi de sa présence.

Sandra grelotait. L'endroit était froid et impersonnel. Elle se posait des questions. Bien entendu, sur ce qu'elle avait vu de son télescope. Mais également sur sa façon d'aborder le travail. Pourquoi avait-elle téléphoné ? La plupart de ses collègues étaient rentrés chez eux, à cette heure-là. Avec moins d'implication dans son job, elle serait tranquillement installée dans son salon, un mug de tisane en train de lui réchauffer les mains.

L'homme releva la tête et ferma le dossier. Il frotta une barbe d'une semaine et la dévisagea.

— Madame Choque. Désolé pour le confort un peu spartiate.

Elle ne réagit pas. Il regarda la couverture du dossier.

— Vous nous venez de Bretagne. Vous êtes astronome à l'observatoire de Lille.

— J'imagine que c'est dans le dossier...

— En effet. J'ai parcouru votre carrière – études brillantes...

— J'ai un doctorat en astrophysique et un autre en astronomie.

— ...et les informations que nous connaissons sur votre vie personnelle, assez infimes. Vous n'êtes pas adepte des réseaux sociaux ?

— Je n'y trouve aucune utilité.

— Ni membre de la moindre association, mis à part une inscription dans une salle de sport à Lille.

— Je n'ai pas le temps pour ça...

— Pourquoi restez-vous dans ce petit observatoire ? Vous pourriez prétendre à mieux.

— Il y a peu de places. Je dois être prochainement mutée à l'observatoire de Paris.

L'homme passa de nouveau la paume de la main sur sa barbe.

— Pas d'attache à Lille ?

— Non. Enfin, quelques amis.

— Pas de petit ami ?

— En quoi ça vous regarde ?

Sandra commençait à être agacée par ces questions. Mais le ton du barbu resta monocorde.

— Voyez-vous, nous devons définir si nous pouvons vous faire confiance. Vous avez vu des choses, de votre observatoire ?

— Sinon, je ne serais pas ici.

— Eh bien, ces choses doivent rester secrètes. Alors, que faisons-nous ? Vous répondez à mes questions, ou vous préférez demeurer plus longtemps parmi nous ?

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