Didier suivait tranquillement le bout de sa ligne. Pêcheur de son état à Boulogne-sur-Mer, il aimait à s'accorder une petite pause avant de rentrer au port. A cet effet, il emmenait toujours sa canne. Une fois le filet remonté et les cales pleines de carrelets, il se postait à l'avant du bateau, plaçait son appât, et préparait son lancer. Il restait là une heure, discutant parfois avec ses collègues, mais restant plus souvent seul, les autres préférant jouer aux cartes.

Au bout de cette heure de repos complet, ils mettaient les gaz vers le port et les jérémiades de sa femme qui trouvait que, finalement, être épouse de pêcheur était la pire des gageures. Pourtant, il n'était pas le plus à plaindre, dans cette noble profession. Il avait son propre bateau et deux membres d'équipage sous ses ordres. Et même si les quotas fixés par Bruxelles lui permettaient à peine de s'en sortir – il maudissait ces « foutus écologistes », il vivait convenablement.

Mais le moment n'était pas à tous ces problèmes somme toute très terre à terre. Pour l'instant, il était convenablement installé à l'avant de son chalutier, sa chère canne à pêche entre les mains, et il regardait le ciel immaculé. Il n'avait pas pris de poisson. Il n'en prenait presque jamais. Là n'était pas son intérêt. Il avait ses filets pour ça.

Il s'apprêtait à ranger son précieux matériel quand quelque chose attira son attention. Un point dans le ciel grossissait de plus en plus. En quelques secondes, il vit très nettement un objet de forme ovoïde traverser l'horizon et pénétrer dans la Manche à très grande vitesse.

Il se leva et manqua de laisser tomber sa canne.

— Les gars ! Vous avez vu ça ?

— Vu quoi ?

Il réfléchit quelques instants. Peut-être avait-il eu une hallucination. S'il expliquait, ses gars le prendraient à coup sûr pour un fou. Il prit sa décision.

— Rien. Allez, on rentre.

Le bateau reprit lentement le chemin du port.


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