Arleux-en-Gohelle, bourg rural situé au centre du triangle Lens-Arras-Douai, était situé près de plusieurs routes importantes. Il ne fallut donc pas très longtemps à Valentini et ses passagers pour en parcourir les rues. Si l'agent savait qu'un aéronef s'y était écrasé, il lui était impossible de savoir où il avait été emmené. Sa seule certitude était qu'il n'était plus là. Quand il intérogeait ses supérieurs, on lui opposait la classification de : « dossier confidentiel ». Aussi, sa première décision avait été de venir enquêter sur place.

Pauline n'eut aucune difficulté à retrouver l'endroit du crash, mais il ne subsistait aucun indice pouvant aboutir à la moindre conclusion. Le sol avait été maintes fois piétiné. Ils durent se résoudre à interroger la population. Pierrick proposa de se charger du café-tabac local. L'agent acquiesça mais demande à Sandra de l'accompagner, et, discrètement, de le surveiller. De son côté, il irait de nouveau rencontrer Robert Maquenhem et son épouse.

*

Frère constant n'avait rien trouvé à Arleux. Il ne restait rien de l'œuf. L'armée ou une quelconque agence départementale avait tout subtilisé. Il avait interrogé, peut-être un peu brutalement, le fermier qui était apparu dans la presse. Mais l'homme ne savait rien. Il allait devoir se débrouiller autrement. Il savait, par son maître, que l'un de ses frères avait ses entrées dans un ministère. Il allait devoir éprouver sa loyauté. Il donna un coup de volant. La petite 206 bifurqua vers l'A1, direction Beauvais.

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Au café du village, Pierrick s'était tout de suite senti dans son élément. Il avait enchaîné les pintes sous les regards ahuris des piliers de comptoirs. Ce n'était pas que la robe de bure les choquait. Au fond, les moines avaient souvent une réputation de bons vivants. Mais voir un homme avec une telle descente, c'était inhumain.

Sandra, quant à elle, ne savait pas comment se comporter. Les regards lourds et inamicaux la gênaient. Elle restait avec le nez dans la tasse de thé, un sachet bas de gamme d'un âge particulièrement avancé. Elle écoutait les conversations, mais rien d'intéressant n'en ressortait. Elles étaient surtout axées sur les matchs de football du weekend et l'état d'avancement du jardin.

Cependant, au fur et à mesure que les litres baissaient dans sa chope, Pierrick devint de plus en plus bavard. A la fin, il entreprit une partie de fléchettes avec un homme au moins aussi éméché que lui. Sandra se rappela la recommandation de Valentini et se décida à intervenir. Elle se leva et interrompit la monté d'un verre vers les lèvres de son co-équipier.

— Pierrick, n'oubliez pas pourquoi nous sommes ici.

— Ah oui, vous avez raison.

Presque aussi rouge que les rideaux, il se retourna vers la cantonade.

— Est-ce que vous savez où ils ont transporté le gros œuf qui s'est écrasé dans les champs derrière ?



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