Pierrick était de retour dans le bureau de l'abbé. Il ne l'avait quitté que quelques heures avant, mais cette époque lui paraissait maintenant très lointaine. Il ne s'imaginait pas redevenir un simple moine après ce qui lui était arrivé. Il avait changé. Auparavant, il aurait été terrorisé face aux diplomates, militaires et hommes politique avec qui il s'apprêtait à discuter. Mais maintenant, une confiance émanant de ses nouveaux amis l'inspirait. Et les divers examens auxquels il avait dû se soumettre n'y avaient rien changé et n'avaient, d'ailleurs, rien décelé. L'abbé, qui avait été autorisé à assister à la réunion car il le connaissait bien, l'observait avec un mélange de crainte et de curiosité.

Le ministre des affaires étrangère s'éclaircit la gorge. Il semblait hésiter.

— Eh bien... Comment dois-je vous appeler ? Frère ? Ambassadeur ?

— Comme il vous plaira.

— Bien... Vous avez donc été choisi comme ambassadeurs par nos... visiteurs...

*

Sandra et Valentini avaient été isolés dans une des cellules de l'abbaye. L'agent était couché sur une paillasse et semblait dormir, la main en soutien derrière la tête. La jeune femme, par contre, était énervée et faisait les cent pas. Le calme apparent de son équipier temporaire ne faisait qu'ajouter à son agacement.

— Comment pouvez-vous rester ainsi, sans bouger les moindre muscle.

Le silence qui accueillit sa question la fit exploser. Elle tapa le pied du lit avec le sien.

— Vous pourriez au moins me répondre ! Et ne faites pas semblant de dormir. Je sais que ce n'est pas le cas.

— Il est inutile de s'activer plus que nécessaire, répondit Valentini sans ouvrir les yeux. De toute façon, ils ne nous relâcheront pas avant que les discussions, quel qu'en soit le résultat, ne se terminent.

— Quel est l'intérêt de nous garder ici ? Je voudrais tellement rentrer chez moi et prendre une douche.

— Un peu de patience, vous n'êtes qu'à quelques heures de votre rêve. Maintenant, taisez-vous, je n'entends rien...

— Entendre ? Entendre quoi ?

Valentini s'assit avec un sourire moqueur.

— Aussi étonnant que cela puisse paraître, nous n'avons pas été fouillés. Nous avons juste subi un examen médical poussé et nos vêtements passés au compteur Geiger.

— Et alors ?

— Et alors, j'avais placé un micro sur la robe du frère Pierrick.

Il enleva une de ses oreillettes et la tendit à Sandra.

— Si vous voulez, pour passer le temps, je vous prête l'un de mes écouteurs...

La jeune femme lui arracha l'objet dans un geste d'humeur et s'assit à côté de lui.


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