🩸7. Réveil troublant.🩸

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    Ce parc est comme une seconde maison pour moi

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Ce parc est comme une seconde maison pour moi. L'herbe verte est fraîche. Les arbres en fleurs sentent bon le printemps. Les écureuils qui courent entre les branches. Les oiseaux qui gazouillent. Je connais le moindre recoin. Peu me diriger les yeux fermés. C'est notre secret. Notre refuge.

    Mes oreilles sont à l'affût du moindre bruit. Je sais pertinemment qu'il est ici. Comme toujours, je finirais par le trouver.  Mon instinct me dit qu'il est au même endroit que d'habitude. Néanmoins, mon cerveau me dit qu'aujourd'hui, ce sera différent des autre jour. Le mauvais pressentiment que je me traine depuis une semaine est de plus en plus fort.

    Mes pieds nus caressent la pelouse, écrasent certaine fleur. Mon cœur tambourine dans ma poitrine, sans que je ne comprenne pourquoi et quand je le repère enfin, tout change. L'herbe n'est plus que poussière, les oiseaux se sont tues, les fleurs ont fanées, les écureuils ont disparus et les arbres ne sont plus que des carcasses sans feuilles, dont les branches pendent comme des membres désarticulés.

    Le ciel qui était d'un bleu incroyable est devenus rouge. Les nuages sont plus épais. La rivière qui séparait les deux berges, n'est plus fluide et fines comme autrefois, mais épaisse et visqueuse comme le sang. La chaleur qui se dégage de l'endroit est quasiment insupportable. Nonobstant, le pire reste les crânes qui tapissent le sol de cette coulée d'eau suspect. Une nausée me prend. La bile acide m'agresse l'œsophage, ma tête tourne et ma peau me démange. Je comprends pourquoi lorsque je la regarde. Elle brûle. Parcelle par parcelle, couche par couche. Des insectes grouillent dessus. Je tente de les chasser, mais rien y fait. Les larmes aux bords des yeux, je supplie qu'on m'aide. Même si je sais que personne ne viendra à mon secours. C'est ma punition pour ce que j'ai osé faire.

    Alors je laisse faire. J'attends que ma fin approche. Le problème, c'est qu'elle n'arrive jamais. Dès que ma peau disparaît, ne laissant plus que des chaires sanguinolentes et des os presque rongés, tout se régénère pour encore une fois disparaître. Cette torture me paraît durer des heures et des heures. Peut-être même des années ou des siècles. Comment survivre à ce genre de mal, qui nous ronge encore et encore, sans jamais prendre de répits ?

    L'odeur autour de moi me répugne. Comme une fragrance d'œuf pourri, d'hémoglobine chaude, de rouille et de métal brûlant. Tout ce mélange agresse mes narines, me donne un mal de crâne horrible et me coupe tout appétit. Une soudaine envie de pleurer me prend. Toutefois, je me retiens, ne voulant absolument pas montrer mes faiblesses. Plus jamais je ne montrerais ce qui peut ou non m'atteindre. 

    Ce qui me tue davantage que cette souffrance, c'est son regard juste avant que tout ne disparaisse.

    Dans un sursaut, je me réveille et tente de reprendre mon souffle. Encore l'un de ses rêves dont je ne comprends pas la signification. D'ordinaire, j'appelle ma mère pour avoir des réponses, que je n'ai jamais, mais là le décor de ce qui m'accueille me stop dans ma lancée. Une table basse, un tapis doux, des murs blanc cassés et une porte en bois en face de moi. Le tissu sous mes fesses ne m'est pas familier. J'ai peur de tourner la tête et de découvrir ce que je vais voir. Seulement, il faut que je le fasse pour être certaine de ce que je pense. Et bien sûr, c'est Barrett Cole que je vois, assis dans son fauteuil, cheville droit sur son genou gauche, mains croisés sur ses cuisses. Son sourire mutin me dit qu'il s'amuse de la situation. Je me suis endormi dans le putain de bureau de mon patron.

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