Nao x Kakashi

45. Les liens du passé

Kakashi avait passé la plus courte certes, mais surtout la meilleure nuit de toute son existence. Bien évidement, il n'avait pu totalement occulter le chagrin et l'appréhension qui le brassaient à l'idée de quitter Nao. Mais une chose était sûre malgré tout cela: jamais il ne s'était senti aussi vivant que dans ses bras. Jamais il n'avait eu l'impression de compter autant pour quelqu'un. Et surtout jamais il n'aurait cru laisser quelqu'un atteindre son cœur comme elle l'avait fait. Il avait partagé ce moment avec elle avec enfin un semblant d'espoir pour la vie, pour l'avenir et même pour l'amour même si il savait pertinemment que rien était gagné. Le simple fait d'avoir touché du bout des doigts ce bonheur, rien qu'un instant, même incertain, avait malgré tout ravivé la petite flamme dans son cœur. Il s'était endormi comme il ne l'avait plus fait depuis des lustres, dans un monde onirique peuplé de chaleur, de câlins et douces espérances. La vie n'était peut être pas aussi noire qu'elle l'avait laissée entendre jusqu'à présent. Elle avait en tout cas, durant un court instant, fait taire les démons dans son cœur et réveiller l'espoir de jours meilleurs.

Mais seulement un court instant effectivement... car Kakashi avait vite déchanté lorsqu'il s'était réveillé ce matin là.

Pas de peau douce et chaude sous ses doigts, pas de cheveux soyeux et délicatement parfumés qui venaient lui chatouiller le visage, ni même des petits pieds froids contre ses jambes.

Non, il y avait seulement une couverture certes moelleuse mais désespérément sans vie entre ses bras. Il était encore en train de l'enlacer, ridiculement, avec en tête le câlin très osé de la veille que son érection matinale trahissait sans vergogne. Mais cette dernière s'évanouit à l'instant même où il réalisa pleinement que Nao n'était effectivement plus contre lui. Il se redressa, cherchant, dans la semi pénombre du jour déjà levé à travers les rideaux, la silhouette de la jeune fille dans le futon au pied du sien. Mais personne non plus, hormis des éclats de voix dans le couloir. En s'asseyant plus stablement, il posa sa main sur un bout de papier. Il n'eut pas besoin de le lire pour comprendre que Nao était partie. Et les voix de ses Senseis confirmèrent ce qu'il redoutait.

- Ils sont partis sans dire au revoir 'ttebane !

- Oui... Et c'est peut-être mieux ainsi... chuchota Minato en posant sa main sur la poignée de la chambre de Kakashi.

Ce dernier sentit une angoisse terrible le saisir. Sa bulle de bonheur venait d'exploser et laissait place à tout ce qui l'accablait. Il avait pourtant enfin réussi à mettre de côté toute cette part d'ombre qui le rongeait constamment, certes durant un laps de temps peut être dérisoire mais pourtant tellement salvateur. Et même s'il avait beau avoir côtoyé tous ces sentiments et émotions depuis longtemps, comme la solitude, la perte, l'abandon, la tristesse, ou bien d'autres encore, ce n'en était pas moins insupportable pour autant de les retrouver reprendre violemment leur place dans son cœur ainsi, sans demi mesure. Et puis qui pouvait véritablement s'habituer à cela?

Il roula le papier en boule et le glissa dans sa poche, et avant que ses maîtres ne passent le seuil de sa chambre, il s'était déjà volatilisé par la fenêtre.

Retour à la case départ. Kakashi s'était de nouveau refermé sur lui-même. Il était retourné dans les rangs des Anbus: froid, prétentieux et sans émotions. Il n'avait pas eu à réclamer des missions pour s'occuper, car les équipes de Minato étaient très demandées à droite à gauche. Il avait mené des raids avec Takeo quelques fois. Mais ils n'avaient échangés rien d'autres que des ordres ou des informations relatives à leurs missions. Le Gris avait esquivé toute tentative de discussion, et Takeo avait vite abandonné ses efforts. Ce gamin était exécrable, il n'allait pas se fatiguer pour rien. Parfois il hésitait malgré tout, mais il savait que ce serait peine perdue. Combien de fois lors de leurs missions Kakashi avait de nouveau fait preuve d'un comportement totalement irréfléchi? Comme si il partait en mission suicide, il allait au devant du danger, au devant de l'ennemi, en laissant ses coéquipiers sur le carreau et il faisait un véritable carnage. Ne laissant jamais de survivants alors que parfois il aurait finalement était plus judicieux de garder un otage en vie afin de lui soutirer des informations. Mais le jeune Anbu n'en avait absolument rien à faire.