La Pyramide de Dieu

Chapitre 32

Mes mains ne peuvent s'arrêter de trembler et je ne peux m'arrêter de les observer. Ne plus avoir mon épée près de moi et le fait d'avoir ressenti la douleur de la marque, ce mélange de sensations horrible m'empêchent de me concentrer. La seule chose à laquelle je pense actuellement est de briser ses chaînes reliées à mes poignets et de sortir de cette cellule... Couper ces barreaux et m'enfuir.

Et au final ?

J'arrive enfin à décrocher mon regard et à le tourner vers le fond de la cellule où se trouve un un garçon de seize ans, assis contre le mur, du nom de Woe. Il est lui aussi menotté, couvert de blessures et d'habits qui tombent en lambeau, il m'observe curieusement. Ses cheveux noirs sales et en bataille n'ont pas été lavés depuis un moment, comme son corps meurtri.

Alea : Il nous attendaient.

Woe : Oh...

Je n'aurais jamais dû poser une telle question à Zack.

Woe : Et vous avez combattu.

Alea : Ouais...

J'inspire profondément.

Alea : On a fait comme on pouvait... Mon ami n'a pas eu trop de problèmes à gérer ceux qui venaient s'en prendre à lui. Même les archers postés sur la muraille n'étaient pas une si grande menace pour lui. De mon côté, j'arrivais tant bien que mal à m'en sortir jusqu'à ce qu'un d'entre eux m'atteigne. Nos deux armées se sont entrechoquées mais il avait pris tellement de vitesse pour me frapper qu'il a fini par perdre l'équilibre et me rentrer dedans.

Woe : Il t'a touché ?

Alea : Oui, c'était inévitable. On est tous les deux tombé et, lorsque que j'ai entendu le hurlement de la marque, j'ai...

Mes mains tremblent à nouveau. J'essaye d'arrêter tout ça en les fermant fortement mais rien n'y fait.

Alea : J'ai attrapé son arme, qui était plus proche que la mienne, et l'ai plantée dans la jugulaire.

En le regardant à nouveau, il ne semble pas dégoûté par ce que je lui décris, étant bien plus admiratif qu'autre chose.

Alea : J'aurais voulu faire plus pour aider votre peuple à protéger ses ancêtres.

Woa : Tu as fait beaucoup de choses pour nous. Chaque mort, chaque blessure, chaque coup comptent énormément.

Alea : Si tu le dis...

Il me fixe, droit dans les yeux.

Alea : Tout ça pour finir ici.

Il baisse lentement les yeux, me lâche et part s'asseoir contre le mur d'en face en serrant les poings.

Woe : Je vais trouver un moyen de les tuer...

Il reste la tête baissée, contenant sa rage.

Alea : Tu le feras pour tes parents ?

Il finit par se relâcher.

Woe : Oui...

Alea : Tu te souviens les avoir connus ?

Woe : Non... C'est pour ça que je veux trouver le secret de la Pyramide.

Alea : Et Hayle, qu'est-ce qu'elle en pense ?

Woe : Elle m'a toujours dit de ne pas le faire...

Alea : Tu ne penses pas que tu devrais l'écouter ?

Il soupire et relève sa tête pour venir la coller contre le mur qui se trouve derrière lui.

Woe : Tu n'es pas née dans la Pyramide, t'es venu ici pour trouver la même chose que moi–

Alea : Tu te trompes.

Woe : Ah ?

On entend au loin, provenant d'une autre cellule, des gens se débattre coupant notre discussion.

Alea : Ils savent que tu n'es pas humain ?

Woe : Non... Je pense pas.

Sans aucune raison, il rigole.

Woe : Peut-être que ça sera grâce à ça que je m'échapperai.

Alea : Il faudrait déjà avoir une idée de comment s'y prendre...

De l'autre côté des barreaux se trouve une autre cellule, face à la nôtre, où est couchée une personne. Elle n'a pas bougé depuis mon arrivée ici... Peut être qu'elle–

N'est pas morte.

La nuit est tombée, toutes les cellules sont plongé dans la pénombre dont la nôtre et le corps qui est dans celle d'en face n'a toujours pas bouger.

Woe : Elle est simplement dans le coma.

Alea : Ils ne veulent pas enlever le corps ?

Woe : Pourquoi est-ce qu'ils le feraient ?

Alea : Pour rien... tu as raison...

Woe, qui avait bougé pour être assis face à moi, soupire tout en se laissant lentement glisser pour s'allonger sur le sol.

Woe : De toute façon, c'est l'une des dernières nuits qu'il passera en vie, comme tout le monde ici.

Il ferme les yeux, apaisé.

Woe : T'as eu le temps de dire adieu à tes amis ?

Alea : Non.

Il rigole.

Woe : Tu aurais dû.

Alea : Tu voulais pas atteindre le secret de la Pyramide ?

Il finit par rouvrir un oeil qui me fixe.

Alea : Alors pourquoi tu prends tout ça autant à la légère ?

Woe : Parce que tu penses qu'on peut faire quelque chose contre eux ?

Puis le referme.

Woe : On est bloqué ici entre trois murs et des barreaux. Je n'ai rien pu faire, vous n'avez rien pu faire, mon peuple n'a jamais rien pu faire et tu penses que ça va changer ? Accepte la vérité Alea, dans trois jours ils vont séparer notre tête de nôtre corps, tu crois qu'on peut faire quelque chose pendant ces trois jours ?

C'est vrai...

Au point où on en est...

Alea : Putain...

La tête baissée, je fixe mes mains toujours tremblantes. C'est de ma faute... Jamais je n'aurais dû me mêler de cette affaire... Jamais je n'aurais dû amener Bret et Mady dans cette histoire. Quelle conne.