Chapitre 39

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Tu vas tenir ?


Au milieu de la rue, prenant appui sur ses jambes pour se lever, expirant fortement, essuyant le filet de sang qu'il restait sur ses lèvres...

Bret : Oui, ça devrait le faire.

Il donne toutes ses forces pour ne pas que ces deux jambes cèdent à nouveau sous son poids. Dans son silence, Mady vient prendre un des bras du malade pour le poser sur ses épaules, lui donnant ainsi un nouvel appuis.

Alea : Pourquoi tu n'as rien fait ?

Il reste la tête baissée, observant la flaque rouge qu'il venait de laisser sur le pavé.

Alea : Tu aurais pu tous les tuer.

Bret : Pourquoi toi, tu n'as rien fait ?

Il arrête de s'appuyer sur Mady, montrant que tout va bien.

Alea : Poses-toi les bonnes questions...


Tu vas tenir ?


Oui, ça devrait le faire...


C'est ce que je me dis, sortant de la faille, posant un pied après l'autre sur le ponton en bois et admirant le lac s'étendant à perte de vue, surmonté d'une petite couche nuageuse, décoré par des montagnes montrant leur silhouette au loin.

Mady : Wouah !

Elle court vers le bord et tend sa main pour la plonger dans l'eau.

Mady : C'est trop beau !

Je reste bouche bée. Pour la première fois, j'ai réellement l'impression de le voir au-dessus de ma tête, le ciel, d'un bleu pur et familier. Si seulement je pouvais l'atteindre. Si seulement je pouvais être sûr que ce soit bien lui.


Parce que tu penses que tout ce que je crée n'est qu'une reproduction infidèle ?


Oui.


Alors qu'est ce que tu es exactement ? Une humaine ? Non, tu es une de mes créations, mais ce serait une erreur de dire que tu n'es qu'une pâle reproduction d'un être humain.


Alors que Mady continuait de jouer auprès de l'eau, Bret vient la voir.


Qu'est ce que tu es Alea ? Pourquoi est-ce que tu es là ? Qu'est-ce tu veux réellement ?


Je... Je suis là pour les aider... Pour les voir heureux.


Alors, pourquoi est-ce que tu n'agis pas ?


Je... Je fuis... Je fuis tout, tout le temps.


Pourquoi est-ce que je n'arrive pas à affronter la réalité ?


Finalement je n'ai pas trouvé la réponse à mes questions... J'y repense encore et encore, assise dans la barque en bois qui était accoster au ponton, errant maintenant sans objectif, glissant simplement sur l'eau calme du lac. Je n'arrive pas à quitter des yeux les lointaines montagnes, tout comme Bret et Mady qui sont assis en face de moi. Finalement, ma peur était tout sauf morte...

Bret : À quoi tu penses ?

Je soupire.

Alea : Comment tu fais pour te défaire de ta peur ?

Il cache alors sa bouche avant de se mettre à cracher du sang par-dessus bord, sous nos regards silencieux.

Bret : Je me dis que j'ai plus rien à perdre.

Je regarde du coin de l'œil la longue traînée rouge qui suit la barque pendant qu'il se relève.

Alea : C'est simple dit comme ça...

Et puis j'ai tout à perdre, je peux pas les décevoir, je peux pas les perdre tous les deux, surtout quand je le vois continuer à cracher du sang jusqu'à s'en détruire la gorge.


Tu vas tenir ?


Enfin un pied à terre. Les bottes dans le sable, au bord de la plage, mon épée rangée dans son fourreau, j'observe les quelques maisons qui se mêlent à la brume un peu plus loin avec toujours un mur rocheux en décor.

Bret : On est au bord, la faille ne doit pas être loin.

Pendant qu'ils partent tous les deux en direction des habitations, je me tourne vers le lac avec l'impression d'avoir des fantômes à mes côtés, d'avoir un groupe n'ayant rien à perdre... Mais il n'y a personne, juste nous trois, comme d'habitude. Puis je reprends mes esprits.

Alea : Attendez moi !

Je m'empresse de les rejoindre, quittant la plage et cette sensation d'être accompagné.


Clic.


Lentement, Bret pousse la porte entrouverte de la première maison qui s'offrait à nous. La musique, les discussions, les rires, c'est tout un ensemble de sons totalement différents qui parviennent à nous, tout comme le décor qui nous entourent. D'un coup, les maisons moroses au bord du lac ont fait place à la nuit couplé à des torches placé sur des pieds éclairant une foule de personnes tout autour de nous s'amusant, chantant, passant un bon au milieu de cette fête.

Alea : Qu'est-ce qu'il se passe ?

Je regarde tout autour de moi, n'arrivant pas à comprendre ce qu'il s'est passé ni à savoir si c'est bel et bien réel.

Bret : Elle joue encore avec nous.

Alea : Oui.

Encore.

Mady : Oh !

D'un coup, Mady cours vers un homme avant d'attraper des friandises qu'il lui tendait.

Mady : Merci !

Il lui sourit en guise de réponse avant de se tourner vers nous.

Inconnu : Vous n'avez rien à craindre ici.

D'un coup, plusieurs sources de lumière apparaissent au loin. Ce sont des des brasiers placés dans les coins d'une estrade qui s'allument pour éclairer la scène pendant que la foule s'extasie et s'excite en voyant ça.

Inconnu : Profitez du spectacle, vous l'avez bien mérité.

Alors que j'étais obnubilé par ce qu'il se passait, je jette un coup d'œil à cet homme qui a disparu sans laisser de traces.

Alea : Un spectacle ?

Un groupe de personnes monte alors sur scène. Une d'entre elles s'approche du bord, tend ses bras de manière à les ouvrir à la foule.

Inconnu : Merci d'être venu si nombreux pour observer cette pièce de théâtre en sept actes qui nous a pris plusieurs années à faire ! Son nom, l'Incompréhension d'une Vie !

La Pyramide de DieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant