La Pyramide de Dieu

Chapitre 41

Les draps sont encore remplis de son sang, personne au château ne les a lavés. Pourtant Victoria m'avait dit qu'elle le ferait... La chambre est vide, peu éclairée par la lumière de l'extérieur. Les meubles n'ont pas bougé, rien n'a bougé, elle est restée comme quand il l'a quitté. J'aime pas me dire qu'il agonisait ici en espérant nous le cacher.

Tu vas tenir ?

Biensûr que non idiot... C'était sûr que ça allait se passer comme ça mais tu n'as rien dit, t'as juste préféré faire comme si tout allait bien.

C'était à toi de le pousser.

Comme à mon habitude, juste une incapable qui reste debout comme une idiote à observer la chambre de celui qui comptait le plus pour elle...

On reprendra la route demain ?

Non... Pas demain, ni après-demain, ni plus tard. Maintenant qu'il n'est plus là, à quoi bon continuer ? Tout ça je le faisais pour lui. Maintenant je n'ai plus qu'à rester auprès de Mady. Si elle est heureuse à mes côtés, comme elle le disait, alors je le serais aussi.

Ma place est à ses côtés et nulle part ailleurs.

Alors que je pensais être seule dans la chambre, j'entends la porte s'ouvrir lentement. En me retournant, j'aperçois cette dame, toujours familière malgré les marques de l'âge, se tenant debout grâce à sa canne.

Victoria : Je n'ai pas eu la force de le faire, tu m'excuseras.

Alea : C'est pas grave...

Elle esquisse un sourire pour me réconforter mais rien n'y fait...

Alea : Ce n'est rien d'autre qu'un drap.

Je me retrouve quand même à essuyer les larmes qui se forment aux coins de mes yeux.

Victoria : Tout le monde n'est pas forcément fait pour arriver au bout, tu le sais très bien.

Alea : Mais lui il l'était...

Elle soupire et son regard s'enfuit.

Victoria : Vous comptez rester ici ?

Je reste les yeux rivés vers la tache de sang sec qui est à mes pieds, sur les planches en bois, tout en bougeant légèrement la tête pour lui faire comprendre que c'est bel et bien ce qu'il va se passer.

Victoria : Bien...

Elle fait demi-tour mais s'arrête avant de quitter la pièce.

Victoria : Je ne pense pas que vous serez mieux ici, mais qu'importe... Si tel est votre choix, qui suis-je pour le juger ?

Elle repart, emportant avec elle le bruit de sa canne tapant contre le sol alors que je me laisse tomber en arrière sur le lit encore tâché de rouge à certains endroits, exténuée, le visage tourné vers le ciel. J'ai l'impression de le sentir à mes côtés, allongé avec moi, observant le plafond en silence. Du coin de l'œil, j'ai le sentiment de le voir mais quand je tourne la tête, je me rends compte que je suis simplement seule. La sensation que nos mains pourraient s'assembler à nouveau me guette mais ne vient jamais. Finalement...

Est-ce que c'était vraiment lui ?