Chapitre 26

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"Tu as dû rêver". Non, c'est pas possible... Ce n'était pas tout autant irréel que cette Pyramide... Pourtant... Je ne sais pas... En relevant la tête, j'aperçois Bret et Mady ayant pris de l'avance sur moi, marchant péniblement entre les arbres dont les feuilles recouvrent le haut de notre tête, dans la neige qui nous arrive jusqu'à mi-mollet et ce froid que je ressens même plus. Ce dernier est si persistant et agressif qu'il a complètement ravagé notre peau. Tout ce que l'on fait c'est marcher dans une direction que Victoria pense être une faille. Ma peau est si sèche... Mes mains sont rouges et tremblent.

Bret : La faille !

Bret et Mady me font signe de loin ce qui me pousse à accélérer le pas jusqu'à les rejoindre. Chacun de mes pieds s'enfonçant dans la neige amène un choc, une douleur si violente. Parfois, je me demande même si ma peau ne va pas s'enlever en bougeant. Je finis par les rejoindre et j'aperçois enfin la faille et son voile brumeux.

Alea : Enfin...

Sans un mot de plus, on s'avance tous les trois vers cette porte donnant sur l'inconnu avant de s'y engouffrer, entrant dans ce voile blanc. Alors que je perds de vue Bret et Mady dans la brume, je sens l'air se réchauffer à une si grande vitesse que ça en est agressif. Lentement, à force d'avancer, la brume devient plus claire et se dissipe jusqu'à ce que l'on en sorte tous les trois.

Mais

Attends

J'ai déjà lu ça ?

Assise sur l'herbe, je regarde l'étendue d'eau se trouvant à quelques mètres de moi où se reflète le faux ciel se trouvant au-dessus de notre tête. C'est calme, seuls des bruits de cigale présent dans la forêt qui nous entoure viennent accompagner le silence.

Mady : Pfff... J'en ai marre de marcher.

Je jette un coup d'œil à ma droite et la vois se tenir les mollets.

Mady : Aleaaaaa, quand est-ce que c'est fini ?

Alea : Je sais pas, demande à Bret.

On regarde toutes les deux derrière nous pour voir Bret nous répondre d'un simple haussement d'épaules alors qu'il vérifiait ses affaires, faisant soupirer Mady.

Alea : C'est toi qui a voulu venir avec nous je te rappelle.

D'un air boudeuse, elle attrape un cailloux et le lance dans le lac.

Mady : Oui mais vous m'aviez pas dit que ça serait aussi long...

Dans le silence, le cailloux plonge dans l'eau sans que celle-ci ne bouge.

Alea : Dites, vous ne trouvez pas qu'il manque quelque chose ?

Mady : Hum ?

Je me tourne vers Bret qui ne semble pas comprendre ce que je veux dire.

Alea : Le cœur de pyramide.

Bret : Le coeur ?

Alea : Oui.

Ils semblent perdus.

Alea : Mais si, l'endroit où il avait le grand sablier et la statue.

Mady : Hein ?

Alea : On était bloqué dans une pièce et il y avait juste une porte pour sortir mais on avait beau essayer de la traverser, on arrivait tout le temps au même endroit, ça vous revient ?

Ils se jettent un regard mutuel.

Mady : Non.

Alea : Mais... Je suis pas folle ! Ca c'est passé juste avant qu'on arrive ici !

Bret : Non, on était dans la neige.

C'est vrai...

Tu l'as dit toi-même.

Pourtant j'ai encore la sensation de la poignée de la porte sur mes mains... Mais peut être que...

Alea : J'ai dû rêver...

Bret : Ça m'est arrivé.

Il plie un de ses vêtements avant de le ranger dans son sac.

Bret : C'était étrange. Tout ce dont je me souviens c'est Mady qui disparaissait sous nos yeux.

Mady : Quoi ?!

Elle se lève et lâche le cailloux qu'elle avait dans les mains, le même que celui qu'elle avait lancé dans le lac.

Bret : Ce n'était qu'un rêve.

Elle observe ses mains.

Mady : Ça me fait peur...

Bret : Tu penses que tu vas disparaître ?

Mady : Non mais–

Bret : Tu as peur de quelque chose qui n'arrivera pas ?

Mady : Euh... Oui, un peu.

Elle se rassoit, attrape un cailloux et le lance dans le lac. Dans le silence, le cailloux plonge dans l'eau sans que celle-ci ne bouge.

On a quand même vécu des choses aussi bizarres donc on est pas à l'abri que ça se produise.

Mady : Vous me faites peur à dire ça...

Elle rapproche ses jambes près de son corps, fixant le petit feu qu'on avait dans la forêt à la tombé de la nuit, chose qu'on n'avait encore jamais vu dans la pyramide.

Bret : Ca n'arrivera pas.

Il met un morceau de bois qui se trouvait à côté de lui dans le feu.

Bret : Tuer de manière brutale n'est pas une manière de jouer.

Intriguée, Mady se lève et marche lentement, sans faire de bruit, vers un des arbres se trouvant derrière elle.

Bret : Dans ce cas, on serait mort avant même d'avoir passé la première faille.

Toujours avec un pas de loup, elle atteint l'arbre et commence à plonger sa main dans un trou présent dans le tronc.

Bret : Et la cité d'Asha n'aurait jamais eu besoin de sacrifier des gens pour exister.

Elle retire d'un coup sa main du tronc d'où sortent un grand nombre d'insectes luminescents qui s'envolent dans la nuit, illuminant ce ciel rocheux. Pendant l'espace d'un instant, cette multitude de points lumineux s'accapare nos regards et notre silence pour nous offrir ce spectacle.

Peut être que Adonis a les réponses à tout ça.

Bret : Peut être...

Il s'allonge lentement dans l'herbe pour observer ces insectes s'étant tellement éloignés de nous qu'on pourrait les confondre avec des étoiles et, pour une fois, je peux voir le sourire sur son visage.

Est ce que c'est vraiment lui ?

Qu'est ce qui te fait dire ça ?

Je veux dire...

Il n'était pas comme ça quand on s'est rencontré.

Alea, j'ai rarement vu quelqu'un autant faire rire la Pyramide.

La Pyramide de DieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant