La Pyramide de Dieu

Chapitre 19

Victoria : Sa soeur... Meyla ?

Alea : Oui...

Cette expression faciale ne quitte pas son visage. Elle a du mal à y croire, elle ne veut pas y croire.

Victoria : Pourquoi...

Alea : Elle voulait le rejoindre.

Elle reste sans voix, détournant le regard vers Mady qui tente tant bien que mal d'approcher le chat pour le caresser avant que celui-ci ne s'enfuit, utilisant la neige et les arbres morts qui nous entourent à son avantage.

Victoria : Et où est-elle maintenant ?

Alea : Auprès de son frère.

Elle soupire profondément.

Victoria : Il est mort pour rien.

Alea : Pourquoi ?

Victoria : Il m'a souvent parlé de sa vision de la Pyramide. Il me répétait à quel point il la détestait... À quel point elle lui a brisé ses rêves, tout ça entre deux phrases qui ne faisaient pas vraiment sens. Pendant longtemps j'ai cru que l'âge lui jouait des tours car il n'était plus tout jeune mais non et ce n'est qu'après sa mort que j'ai compris qu'il avait bien raison, c'était bien la Pyramide qui l'avait détruit.

Le chat vient alors sur le rondin de bois où est assis Bret. Celui-ci le regarde sans rien dire pendant que l'animal vient se frotter contre ses vêtements.

Victoria : Et dire qu'il voulait trouver le bonheur et le ramener à sa soeur pour qu'elle évite de risquer sa vie...

Bret : Pourquoi est-ce tu dis que sa mort à été inutile ?

Victoria : Il est venu ici pour ne pas qu'elle y entre.

Bret : Sa présence t'as apporté quelque chose. Ne dis pas ça.

Victoria : Je–

Elle s'arrête immédiatement. Je ne sais pas si elle n'ose pas continuer sa phrase ou si elle réfléchit à ce qui allait dire, mais en tout cas, elle ne prononce aucun mot. Ses mains se referment et se crispent puis se relâchent, comme le reste de son corps.

Victoria : Son sacrifice à été vain... Et j'aurais aimé qu'il ne rencontre jamais la route de Rick.

Alea : Ça n'aurait sûrement pas arrêté sa mort.

Victoria : Mais ça n'aurait pas arrêté sa quête... Il aurait dû continuer sa route et continuer à chercher le bonheur mais non, il a décidé de mettre ça de côté pour une cause qui ne le concerne pas...

Bret : Sa vie lui appartenait, on ne peut pas critiquer ses choix.

Sa dernière phrase vient poser un calme ambiant, uniquement rythmée par les ronronnements du chat et des pas que faisait Mady dans la neige avant que Rick, suivis par le reste membres du groupement, n'arrivent pour le briser.

Rick : Des rôdeurs approchent, on bouge.

Il passe devant nous sans rien ajouter de plus ni même nous adresser un regard, continuant son chemin suivis par les autres survivants armés et chargés de différentes affaires.

Bret : Des rôdeurs ?

Victoria : Ce qui vous a attaqué.

Tous marchent dans le silence, le visage fermé.

Bret : Mady.

Elle se tourne vers nous ce qui laisse au chat le temps de s'enfuir et vient rejoindre Victoria qui la prend dans ses bras.

Mady : Qu'est-ce qu'il y a ?

Bret : On part.

Mady : Ah ?

Bret : Aller, viens.

Il se mettent tous les deux à marcher côte à côte, en fin de cortège. Au même moment, Mady vient discrètement tenir la main Bret, comme une fille tenant la main de son père.

Victoria : Elle n'a pas grandi au fond d'elle.

Alea : C'est pour ça qu'elle nous suit, on la protège.

J'attrape mon épée qui est à mes pieds, toujours rangée dans son fourreau, puis me lève pour les rejoindre.

Victoria : Vous êtes des parents de substitution.

On se met en marche nous aussi, en fermant la marche, tout en gardant un peu de distance avec le reste du groupe.

Alea : Pourtant elle a une mère.

Victoria : Qui est morte, si je ne me trompe pas... Et son père ?

Alea : Aucune idée.

Cette dernière phrase décroche un sourire à Victoria.

Victoria : Et tu essaye de me faire croire qu'elle ne vous voit pas comme des parents de substitution ? Tu es bien naïve pour une fille de ton âge.

Alea : Hein ? Non !

Ma réaction l'a fait rire ce qui attire l'attention des autres membres du groupe qui jettent tous un coup d'œil derrière eux.

Victoria : Aaaaah, la naïveté... Enfin... On l'est tous plus ou moins.

Son sourire disparaît aussi vite qu'il est arrivé.

Alea : Parce que vous avez cru aux mensonges d'Adonis à propos de ce bonheur qu'il vous avez promis ?

Victoria : Oui... Et dire qu'il continue à prendre son peuple pour des cons...

Ses yeux s'écarquillent et elle baisse très légèrement la tête pendant que ses poings se ferment.

Victoria : On va le buter... Le buter et libérer les nôtres.

Bret : Et son armée ?

Bret avait ralenti le pas en nous entendant.

Victoria : On tuera tous ceux qui se dresseront devant nous.

Bret : Peut être qu'il leurs ment.

Victoria : L'armé sort régulièrement de la cité, on en a même croisé ici. Ils savent qu'Adonis ment à son peuple mais ils ne font rien contre ça et tu veux qu'on les pardonne ?

Mady : Vous voulez tuer les gens de la cité ?

Victoria: Non, bien sûr que non...

Elle attrape la main de Mady en souriant.

Victoria : C'est une manière de parler, on ne va pas vraiment les "tuer".

Elle se met à avancer un peu plus vite que nous pour recoller avec le reste du groupe qui avait pris de l'avance, me laissant avec Bret à mes côtés.

Bret : Tu veux sauver Hayle ?

Alea : La sauver ?

Bret : Éviter sa mort.

C'est vrai qu'elle est notre ennemie maintenant, j'avais complètement oublié.

Alea : Si c'est possible...