Chapitre 42

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Quel ennui...


Les gouttes viennent transpercer la lumière de ce faux ciel avant de s'écraser sur le sol ou la vitre de ma chambre au château par laquelle j'observe, assise sur le magnifique lit en baldaquin, les rues où errent ces mêmes statues sans la moindre pensée, sans la moindre vie... Réagissant uniquement à des ordres... Les pauvres, je les comprends d'une certaine manière, même s'ils ne sont pas humains comme moi... Même si, en les regardant assez longtemps, on pourrait s'y méprendre...


Enfin... Est-ce que je le suis vraiment ?


Quelqu'un vient alors me sortir de ce spectacle en toquant à la porte. Soupirante, je réponds.

Alea : Oui ?

La porte s'ouvre et Mady entre avec deux pelle et les mains couvertes de terre.

Mady : Tu viens m'aider ?

Alea : Oui, j'arrive.

Je me lève, la rejoins et attrape un des deux outils qu'elle me tendait.

Mady : À quoi tu pensais ?

Alea : À la pluie, elle risque de détruire ce qu'on a fait.

Mady : Oui... Sûrement.

Sans dire un mot de plus, on sort toutes les deux de la chambre pour se rendre dans le jardin du château. L'herbe, qui s'étend à plusieurs centaines de mètres jusqu'à la haie se situant au fond, ne semble pas prendre l'eau malgré la pluie. Je me mets à suivre Mady qui marche devant moi, longeant les murs du château en direction d'un potager qu'on avait commencé lors de notre retour ici, depuis qu'il est parti...

Mady : J'ai revu Victoria ce matin.

Alea : Ah ?

Mady : Elle peut à nouveau marcher et j'ai l'impression qu'elle se porte très bien.

Alea : Parfait...

Mady : D'ailleurs, elle m'a dit qu'il y a un nouvel arrivant au château et il voudrait te voir.

Alea : Moi ?

Mady : Oui.

Alea : Pourquoi ?

Elle hausse les épaules.

Mady : Je ne sais pas, elle m'a juste dit de te dire ça et qu'il est logé à la chambre quatorze du second bâtiment.

Alea : Si tu le dis...

On finit par y arriver, un petit coin de terre où poussent quelques légumes au milieu de toute cette verdure.

Mady : Je pense qu'il faut retirer les plants de tomates, certains sont morts.

Alea : Pas de problèmes.

Elle avait raison, c'est en commençant à creuser autour des plantes que je me suis rendu compte que le travail allait être bien plus fastidieux que prévu. Les plantes sont devenues tellement âgées que leurs racines s'étendent profondément sous terre en plus d'êtres devenus bien trop grosses. Ce n'est qu'après de long combats qu'on arrive à en déraciner quatre et il en reste encore trois. Epuisée, elle décide de faire une pause pour reprendre plus tard. Je profite donc du moment pour aller voir ce nouvel arrivant, rentrant de nouveau dans le château, marchant seule dans les couloirs ternis par le manque de lumière. J'arrive finalement devant ladite chambre, je toque mais il n'y a aucune réponse. Personne de chaque côté du couloir, c'est vide. Il ne doit pas être là. C'est seulement quand je me décide de partir que je le vois arriver d'une des deux extrémités... Cette même personne que je voulais voir disparaître...

Woe : Alea !

Le gamin de la forêt d'or a bien grandi et est devenu un jeune adulte. Sa disparition a eu le même effet que pour Victoria ou Hayle. Je reste sur place, le regardant poser un sac rempli d'affaires contre le mur et s'approcher de moi jusqu'à ce qu'il pose ses mains sur mes épaules, tout sourire.

Woe : Je suis content de te revoir.

Alea : Lâche-moi.

Lentement, j'approche ma main de son visage pour le menacer et son sourire s'efface. Il recule de quelques pas, gardant une distance de sécurité avec moi.

Woe : Toujours la même.

Alea : Ne parle pas comme si tu me connaissais.

Woe : Oui, désolé.

Maintenant tout docile et de nouveau souriant, il attrape ses affaires.

Woe : Mais comprends moi, je suis heureux de t'avoir enfin retrouver.

Alea : Alors que je t'ai fait disparaître ?

Woe : Oh, je ne t'en veux pas pour ça, bien au contraire. J'ai compris qu'il me faudrait bien plus pour te–

Alea : Arrête de tourner autour du pot et abrège.

Il ouvre la chambre et entre pour poser ses affaires sur son lit pendant que, du regard, j'observe la tapisserie qui orne un des murs tout en m'avançant dans la pièce.

Woe : J'ai besoin de toi et de tes pouvoirs pour trouver le secret de la Pyramide.

Alea : Désolé, c'est plus mes problèmes.

Woe : Parce qu'il est mort ?

Je me terre dans mon silence.

Woe : Hayle aussi... Je t'ai écouté et je suis allé la voir une dernière fois, comme tu me l'avais dit...

Il s'allonge sur son lit, regardant le plafond.

Woe : Elle était persuadée que vous y arriverez.

Alea : Elle a eu tort.

Woe : Oui, malheureusement.

Il laisse un profond soupir s'échapper.

Alea : Si c'est tout ce que tu as à me dire.

Je me retourne prête à partir.

Woe : Dis moi, tu penses encore à lui, pas vrai ?

un frisson parcourt mon corps, me glaçant sur place.

Woe : Tu crois que ça lui ferait plaisir de te voir comme ça ? De te voir fuir comme une lâche ?

Alea : Ne parle pas en son nom. D'accord ?

Woe : Pourtant c'est vrai et tu le sais parfaitement.

Alea : Ne parle pas en son nom !

Prise par la rage, je lève le poing, prête à le frapper lorsqu'une personne entre vient m'enlacer dans mon dos pour m'arrêter, s'agrippant fermement à mes vêtements.

Mady : Alea !

Sa voix m'arrête immédiatement.

Mady : Ne fais pas ça, je t'en supplie...

Lentement, ma main et mon bras se relâchent totalement.

Alea : Pardon.

Mady : Je n'aime pas quand tu es comme ça... Ça me fait mal de te voir obligée de t'occuper de moi contre ton gré... de te voir perdue, telle une poupée sans vie tenu dans les mains d'une petite fille jouant avec elle.

Elle me serre un peu plus fort contre elle.

Mady : Je veux reprendre la route... Pour ne plus te voir comme ça mais aussi pour retrouver ma famille... Celle que je n'ai pas choisie.

Alea : Mady...

Mady : Alea, je t'en supplie...


Fais-le pour nous, brise l'ennui de la Pyramide une dernière fois, lors de ton dernier acte.


Aide-nous à y arriver...



Septième Acte

La Pyramide de DieuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant