J'aime bien cette ambiance... Assise sur le bord du toit de la maison où nous sommes logés, j'observe des enfants enfants jouer en contrebas, dans la rue.
Alea : La cité de l'espoir...
Ils jouent sans se soucier de rien... C'est peut être ici que se trouve le bonheur que tout le monde cherche ? A ce moment, je remarque Bret qui vient s'asseoir à mes côtés, sans dire un mot. Il se met à les observer, lui aussi. Il n'y a aucun bruit, étrange venant d'une cité souterraine. Il n'y a rien a rien qui vient déranger le calme à part ces enfants. Je détourne lentement la tête pour jeter un discret coup d'œil à celui qui est à côté de moi.
Bret : Tu devrais porter des gants.
Des gants ?
Alea : Pourquoi ?
Il pointe son cou avec ses doigts.
Bret : Pour ne toucher personne.
C'est vrai... Maintenant que je la porte... Je passe ma main sur mon cou, au niveau de la marque. La sensation de brûlure me revient en tête, cette sensation de partir avant de revenir d'entre les morts...
Alea : Merci de m'avoir sauvé.
Il ne me répond pas, ne laissant que le silence de la cité.
Hayle : Ah, vous êtes là.
On se retourne tous les deux vers Hayle qui finit de monter l'échelle qui mène au toit. Une fois en haut de ces derniers, elle se redresse et regarde observe la ville qui s'étend autour de nous.
Hayle : Toujours aussi grand...
J'envois, moi aussi, mon regard au loin.
Alea : Je me demande combien de personnes y vivent réellement.
Leurs regards se tournent de mon côté.
Hayle : C'est vrai qu'elle parait bien calme.
Hayle décide finalement de venir s'asseoir à nos côtés pour contempler la cité. Après un moment de calme, elle finit par briser le silence.
Hayle : Tu as eu de la chance de survivre...
A nouveau, toutes ces sensations qui ont parcouru mon corps me reviennent en tête.
Hayle : Vous étiez tous les deux au bord de la mort, convulsant au sol avec ses hurlements... terrifiants
Je repasse ma main dans mon cou, tout en baissant la tête.
Alea : Pourquoi moi ?
Les enfants qui jouaient dans la rue depuis tout à l'heure finissent par se séparer, rentrant chacun chez eux, en marchant.
Hayle : Ce n'est pas à moi qu'il faut demander.
Je me tourne alors vers Bret qui ne semble pas vouloir croiser mon regard, restant ainsi les yeux fixés sur un garde de la cité qui marche lentement dans la rue.
Bret : Car tu me comprends.
Alea : Comment ça ?
Bret : J'ai besoin de gens qui me comprennent...
Qu'est ce qu'il veut dire par là ? Je vois ses poings se serrer avant qu'il se lève.
Alea : Bret ?
Il part, descendant ainsi l'échelle et me laissant seule avec Hayle qui soupire.
Hayle : Pauvre garçon...
Alea : Il paraît seul.
Hayle : Il l'a toujours été.
Je me retourne vers elle, surprise.
Hayle : Il a vécu seul, séquestré chez son beau-père et battu par ce dernier, avec sa mère comme unique contact avec un être humain.
Alea : C'est ce qu'il t'a dit ?
Hayle : Ce que Meyla m'a dit.
Alea : Ah...
"Au secours"... "Au secours, aidez-moi"... Toujours ses appels de détresse qui restent bloqués dans ma tête et son corps qui disparaît dans la brume... Les mêmes images qui reviennent me prendre à chaque fois que j'entends son nom.
Hayle : Ce n'est pas de ta faute, tu le sais ?
J'observe mes mains. Je sais que je ne devrais pas y penser, je devrais évacuer tout ça de mon esprit...
Alea : Pourtant... C'est moi qui ai pensé à ces abominations... C'est moi qui ai fait apparaitre ces ordures qui l'ont prise–
Hayle : C'est toi qui nous a fait prendre conscience du danger... C'est à toi qu'on doit notre départ et, sûrement, notre survie. Tu dois sortir sa disparition de ta tête, tu n'y es pour rien, elle n'était juste pas à la hauteur.
Alea : Comment est-ce que vous pouvez tous avoir ce même discours...
Hayle : On prend simplement du recul sur la situation.
Alea : Elle est morte !
Hayle : Et qu'est-ce que tu peux y faire ?
Sa phrase vient m'arrêter, clouant mon corps dans sa position.
Hayle : Tu ne peux rien y faire, elle est partie et ne reviendra plus jamais. Il faut que tu passes à autre chose maintenant.
Alea : Mais comment ?
Hayle : Trouve un moyen de l'oublier... C'est tout ce que tu peux faire.
Un moyen de l'oublier ?
Alea : Comment ?
Hayle : A toi de le savoir... Mais bon, tu trouveras bien une solution ici. Si cette cité porte ce nom, ce n'est pas pour rien...
Elle soupire et s'allonge sur le dos, les yeux rivés sur les boules lumineuses qui se trouvent au-dessus de nous.
Hayle : La cité de l'espoir... Quelle belle ville.
Alea : Trop belle pour un tel lieu.
Hayle : Un enfer ne peut pas exister sans un lieu où règne le bonheur... C'est normal qu'une telle ville puisse exister dans la pyramide.
Le bonheur ? En balayant à nouveau les bâtisses du regard, une question me traverse l'esprit.
Alea : Hayle...
Hayle : Oui ?
Elle tourne sa tête pour me regarder.
Alea : Tu penses que c'est ici, le bonheur ?
Hayle : Non, il n'est clairement pas là qu'on le trouvera... Mais... À vrai dire... Ça ne me dérange pas.
Alea : Comment ça ?
Hayle : Même si ce n'est pas le Bonheur, ça y ressemble, et c'est suffisant pour moi.
Alea : Tu–
Hayle : Oui, c'est ici que je m'arrête.
J'aperçois un petit sourire de délivrance qui se dessine, venant apaiser son visage. Elle s'arrête ici... Et moi ? Ce silence résonne dans mon crâne, se mêlant aux paroles, aux voix, aux hurlements de ceux étant tombé avant nous. Et cette chose dans mon cou... Ouais... Au final, en y repensant, elle fait peut-être le bon choix.
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La Pyramide de Dieu
MaceraDans l'objectif de fuir la fin de l'humanité, Alea Nosk, une jeune fille d'environ dix-sept ans, compte s'aventurer dans une étrange structure découverte il y a quelques années et dont la légende raconte qu'on peut y trouver le bonheur: La Pyramide...