— Oui je sais, je suis en retard. Je sors tout juste du métro, je serais là dans une dizaine de minutes. Je voulais arriver plus tôt, mais il y a eu ce dossier qui m'a retenu puis le métro était bondé ; enfin, encore plus que d'habitude, je veux dire. Tu m'as bien pris des vêtements de rechange ?
— Ah non, désolé, bébé, mais je veux bien te prêter un caleçon si besoin !
Mes pas jusque-là empressés ralentissent puis se stoppent, obligeant les personnes qui m'entourent à me contourner pour poursuivre leur chemin. Dans ma hâte de répondre, et conscient que Liam m'attend chez sa mère en vue de la célébration du réveillon de Noël, je n'ai pas vérifié qui m'appelait, convaincu qu'il s'agissait de lui, inquiet de ne pas me voir arriver.
Pris au dépourvu, et le bruit ambiant n'aidant pas, je peine à reconnaître la voix de mon interlocuteur, ce qui m'amène à aviser rapidement mon écran où le nom de Samuel apparaît en même temps qu'un sourire sur mes lèvres.
— Oh Sam ! Comment vas-tu, lapin ? Bien arrivé en Bourgogne ?
— Yep. Avec Ciel et ses parents, nous venons de récupérer les clés du gîte. Évy et les siens nous attendent chez mamie Bellerose, mais on voulait poser nos valises et repérer les lieux avant le début de la soirée. Nous rafraîchir un peu aussi. Je te raconte pas les bouchons qu'on a eus sur la route, mais bon, comme toi dans le métro apparemment.
Concentré sur notre discussion, je poursuis mon chemin d'une allure moins hâtive, heureux d'avoir des nouvelles de mon meilleur ami en ce jour particulier.
— Qu'ils sont pénibles, tous, à rejoindre leur famille pour Noël, franchement, raillé-je bien que cette pensée me rende morose.
Un léger silence s'élève entre nous, me laissant présager que Sam est aussi ébranlé que moi malgré le recul qu'il a pris sur son passé dernièrement.
— Ça me fait bizarre de passer la soirée avec des presque inconnus, avoue-t-il. C'est important pour moi de créer un lien avec la famille d'Évy. Pour le bébé. Je veux qu'il ait une vraie famille. Une digne de ce nom... Pas comme les nôtres.
Le rire qu'il exhale est fluet, fragile, et mon estomac se tord de l'entendre si vulnérable. Je ne réponds pas, conscient qu'il ne fait qu'exposer les faits. Ces mêmes faits qui nous ont longtemps rapprochés.
Avant Liam et Ciel, Sam et moi avions l'habitude de passer les fêtes ensemble tandis que nos amis rejoignaient leurs proches. Et même si nos situations ont évolué ces dernières années, nous partageons toujours ce lien que nous avons forgé dans l'adversité.
— En tout cas, quoi qu'il advienne avec celle d'Évy, je sais que celle de Ciel sera présente et bienveillante et il vous aura vous...
Il n'a pas besoin de le préciser pour que je sache qu'il nous considère, nous, sa bande d'amis, comme sa famille de cœur, et malgré la mélancolie qu'il me communique, je ne peux qu'être touché par ses mots.
— Tu peux compter sur nous, mon poussin. Je serais honoré d'être le tonton foldingue de ton petit bout.
Le rire qu'il émet cette fois me paraît plus sincère, libéré, preuve que vider son sac lui a été bienfaiteur ce qui me soulage du poids me plombant l'estomac.
— Ouais, en tout cas j'espère que mamie Bellerose ne va pas casser sa pipe quand on lui apprendra la nouvelle. Évy n'a pas besoin de ça, et nous non plus d'ailleurs.
J'aimerais lui assurer que tout ira bien et qu'il n'y a pas de raison que l'annonce de la grossesse se passe mal, mais je ne peux pas. Pas quand on sait la réaction de la mère de notre amie à ce même sujet.
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À l'encre de nos rêves
RomanceLe rêve de Marc se réalise enfin tandis que sa carrière de chanteur prend doucement son envol. Son premier album est un succès inespéré. Difficile pour lui de garder les pieds sur terre alors que tout son quotidien est bouleversé. Heureusement, il p...