À l'encre de nos rêves

10. Marc

— Allez, allez, allez !

Sa manette tournée comme un volant, je ressens Thomas à côté de moi plus que je ne le vois. Malgré l'énergie qu'il déploie, il n'a aucune chance. J'ai pris bien trop d'avance et franchis la ligne d'arrivée en première place, une nouvelle fois !

— Non ! rage-t-il en lançant sa manette derrière lui sur le matelas.

Je ris de bon cœur devant sa mine déçue et sa frustration évidente. Les doigts qu'il passe dans ses cheveux les ébouriffent plus encore que d'habitude et, juste ainsi, il est magnifique.

— Une autre partie ?

Son regard trouve le mien face à ma proposition qu'il trouve déplacée si j'en juge son expression furibonde.

— Je vais t'en donner, moi, une autre partie, tu vas voir ce que tu vas voir, gronde-t-il avant de me sauter dessus.

Je m'écroule sur le lit sous son assaut, mon rire s'évadant déjà de mes lèvres avant qu'il ne commence son attaque de chatouilles.

Je me tortille, le supplie d'arrêter, à bout de souffle, des larmes plein les yeux à force de m'esclaffer. Mon cœur bat vite. Trop vite.

C'est parce que je ris. Parce que je ne peux plus respirer correctement et que mon pouls tente de compenser le manque d'oxygène en augmentant la cadence. C'est parce que, lorsqu'il s'arrête enfin, les yeux de Thomas, posés sur moi, sont beaucoup trop intenses.

Met you by surprise
I didn't realize
That my life would change forever
Saw you standing there
I didn't know I cared
There was something special in the air

Je t'ai rencontrée par surprise
Je ne me suis pas rendu compte
Que ma vie allait changer pour toujours
Je t'ai vue là debout Je ne savais pas que tu m'intéressais
Il y avait quelque chose de magique dans l'air

Mon torse se lève et s'abaisse avec amplitude, ma bouche reste entrouverte, mais aucun son n'en sort. Seule la musique entêtante de Mario Kart emplit ma chambre. Plus rien n'a d'importance en dehors du corps de Thomas qui surplombe le mien et la façon dont son attention passe de mes yeux à mes lèvres.

J'en ai envie. Sa bouche sur la mienne et la mienne sur la sienne. Mon premier baiser. Avec le garçon dont je suis secrètement amoureux depuis presque un an maintenant. J'en ai envie. J'en rêve. S'il n'ose pas, alors c'est à moi de franchir le pas.

Doucement, prudemment, je me redresse sur mes coudes, sondant son regard. Il ne bouge pas, dans l'attente, alors j'annihile les derniers millimètres qui nous séparent.

Mon ventre s'embrase et se tord tout à la fois, de bonheur et de plaisir, lorsque nos lèvres se trouvent. Celles de Thomas sont un peu sèches contre les miennes, mais la sensation chaude et humide de sa langue qui s'emmêle à la mienne a raison de ma convenance et m'arrache un gémissement de plaisir qui encourage l'ardeur de mon ami... Mon ami ? L'est-il encore après ce que nous sommes en train de faire ? Petit ami. Le mot effleure mes pensées tandis que je bascule à nouveau sur le matelas, prisonnier de son corps souple et imposant.

J'ai un petit ami. Mon bonheur implose avec force dans ma poitrine. Ça ne dure qu'une seconde, peut-être deux. La porte de ma chambre s'entrouvre sur ma mère...

Dreams are my reality
The only kind of real fantasy
Illusions are a common thing
I try to live in dreams
It seems as if it's meant to be