37. Marc

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— J'espère que tout va bien entre Ciel et toi ?

Samuel m'avise, visiblement interloqué par ma question avant que son visage ne s'illumine sous la compréhension.

— À propos de ce qui s'est passé hier soir pendant le repas ? Tu parles ! Ciel m'a avoué qu'il s'en doutait. Comme Val d'ailleurs. Il n'a pas arrêté de m'en parler après que tout le monde a quitté la table.

Secouant la tête avec amusement, Sam passe une main dans la longueur de ses cheveux, ses colliers cliquetant dans son mouvement.

— En tout cas je ne te demande pas s'il y a un malaise entre Liam et toi vu comment vous étiez soudés l'un à l'autre au petit-déjeuner.

Nous avançons d'un même mouvement dans la file d'attente qui s'étend sur le trottoir devant la boulangerie, la bonne humeur de Sam nous entourant tous les deux agréablement.

— Il s'en doutait aussi apparemment. À se demander pourquoi nous avons décidé de garder le secret.

— Parce que Valou et Évy ne nous auraient pas laissés oublier ça, riposte Sam dans un grand éclat de rire. Pao et Fab non plus d'ailleurs. Ils nous auraient saoulés non-stop pour qu'on se mette ensemble. Et c'est pas ce qu'on voulait. Tu te souviens ?

— J'avais flashé sur toi quand on s'est rencontrés.

Je ris doucement, amusé par ma propre confidence après toutes ces années d'amitié.

— Sans rire, se moque Sam en me bousculant de son épaule, espiègle. Tu avais presque de la bave qui te coulait sur le menton. À se demander pourquoi, d'ailleurs ! J'étais un tel crétin à l'époque.

— Parce que ce n'est plus le cas ?

Riant l'un comme l'autre de nos bêtises, un brin nostalgiques malgré tout, nous continuons à déballer nos vieux souvenirs avec la même gourmandise que s'il s'agissait de chocolat.

— Eh, mais c'est Michel, s'extasie Sam lorsque nous ressortons quelques minutes plus tard de la boulangerie, les bras chargés du pain chaud dont l'odeur délicieuse fait gronder mon estomac d'envie.

Sans m'attendre, mon ami traverse le passage piéton afin de rejoindre l'abbé qui sort doucement de son église, un sourire rayonnant aux lèvres.

Je les rejoins avec seulement quelques secondes de retard, amusé de voir Sam si à l'aise avec le Père Michel.

— Marc m'a appris que la vie te sourit dernièrement. Un beau métier, l'amour, et même un bébé ? Je me dois de t'exprimer toutes mes sincères félicitations.

Le sourire jusqu'aux oreilles, Sam passe sa paume sur sa nuque, légèrement gêné par toute cette bienveillance qu'il reçoit, lui qui n'a jamais été habitué aux éloges.

— Ne me félicitez pas, c'est pas moi qui vais me marier, déclare-t-il dans le but de détourner l'attention du prêtre.

Le regard équivoque qu'il pose sur moi finit d'informer mon père spirituel de mes projets futurs.

— Comment ? Tu vas te marier et tu ne me dis rien ? s'exclame-t-il, transporté de joie.

— Je...

... pensais lui avoir dit. Mais avec la découverte de Liam concernant le centre de conversion, je réalise que je n'ai pas eu l'occasion de discuter avec lui.

— Allons ne fais pas une tête pareille. Invite-moi à la cérémonie que je puisse accepter sans plus tarder. J'adore les mariages, ajoute-t-il à l'adresse de Sam qui s'esclaffe gentiment.

— Évidemment que vous l'êtes, Mon Père. Si ça ne tenait qu'à moi, j'aurais même été honoré que vous soyez l'officiant de la célébration, mais...

À l'encre de nos rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant