À l'encre de nos rêves

21. Marc

Enveloppé dans un cocon de chaleur et de sérénité, je m'éveille avec la sensation indicible d'être bien. Parfaitement reposé, j'ouvre les yeux sur la chambre baignée de lumière. Sous mon oreille, le cœur de Liam bat paisiblement comme la plus douce des musiques. Sa chaleur qui m'étreint à l'instar de ses bras est aussi réconfortante que la tendresse de ses caresses sur mes cheveux. Un soupir de bonheur s'évade de mes lèvres.

Existe-t-il réveil plus parfait ?

— Bonjour, bel endormi.

Je pouffe doucement à l'appellation, sa voix grave électrisant mon épiderme de la plus magique des façons.

— Tu es réveillé depuis longtemps ?

— Je t'aime, souffle-t-il en m'embrassant le dessus du crâne.

Amusé, je gigote entre ses bras pour pouvoir plonger dans son regard.

— Ce n'est pas une réponse.

— C'est la seule que tu auras, élude-t-il, le regard plus amoureux que jamais. Tu as faim ? Je meurs de faim...

— Il n'y a pas une minute à perdre dans ce cas.

Sous mon crâne, Dalida m'offre un concert privé dont je m'efforce de faire profiter Liam en chantonnant à mon tour. Histoire d'un amour, qui est à mon sens, le plus bel hymne à l'amour qui puisse exister. La mélodie nous accompagne jusqu'à ce que nous quittions notre chambre.

Mon histoire
C'est l'histoire d'un amour
Ma complainte
C'est la plainte de deux cœurs
Un roman comme tant d'autres
Qui pourrait être le vôtre
Gens d'ici ou bien d'ailleurs

C'est la flamme
Qui enflamme sans brûler
C'est le rêve
Que l'on rêve sans dormir
...

Après notre réveil tout en douceur, Liam et moi avons parcouru la ville à la recherche d'un endroit où manger. Les horaires du petit-déjeuner de l'hôtel étant passés depuis longtemps, c'est dans un petit salon de thé que nous avons atterri avant de partir en vadrouille pour un peu de lèche-vitrine.

Une fois mon hommes rhabillé de frais, nous avons flâné dans les rues du centre historique, au plus grand plaisir de Liam qui s'est arrêté devant chaque panneau informatif accroché ici et là pour les touristes, avant de faire halte dans un petit café.

Le temps clément pour une mi-avril est agréable même si le fond de l'air reste légèrement frisquet. Rien d'insurmontable avec une bonne veste. En terrasse, nous profitons du soleil et du silence tout relatif de la rue piétonne.

— Nom d'un pic vert à crête rouge, c'est trop bon !

De la chantilly jusqu'au nez, je ferme les yeux de délectations, l'onctuosité de mon chocolat chaud saveur cookie, tapissant lentement le fond de ma gorge.

— Je me demande toujours où tu vas chercher tout ça, susurre mon compagnon.

Le menton enfoncé dans son poing, il me scrute, le regard étincelant d'un amour si intense que je me sens rougir de la tête aux pieds.

— En fait, c'est assez simple, jurer et blasphémer sous le toit de ma mère était interdit. Tu sais : « Tu ne prendras point le nom de l'Éternel, ton Dieu, en vain* ». D'ailleurs, c'est pour cette raison que certaines expressions ont vu le jour par le passé. Comme sapristi qui vient de sacristie ou sacrebleu qui signifie sacre de Dieu.

Je marque une pause, le nez froncé au souvenir des remontrances dont j'écopais dès qu'un juron quittait mes lèvres, glissant mon doigt dans la chantilly pour déjouer la morosité qui se fraie un chemin dans mon esprit.