— Et tu es parti ? s'insurge Raphaël, une expression sévère sur le visage.
— Qu'est-ce que je pouvais faire d'autre ?
Déprimé, je ne me sens même pas la force de lui dire de ne pas en rajouter. Je me sens suffisamment mal sans en plus avoir besoin d'être réprimandé par mon meilleur ami.
— Eh bien, je ne sais pas moi... Rester par exemple ! Merde Liam, ça ne te ressemble pas de fuir comme ça devant les problèmes.
Un soupir las m'échappe alors que je relève mon regard fatigué sur l'homme qui campe devant mon bureau, les deux mains bien à plat sur la surface lisse du plateau. J'ai à peine fermé l'œil de la nuit, et ma vieille carcasse souffre de l'avoir passée dans le canapé usé de ma mère.
Mon cœur me donne l'impression idiote d'avoir manqué une marche, comme une sensation de chute quand bien même je suis assis sur une chaise, quasi immobile. Parler de Marc et de notre éloignement ne fait que renforcer mon manque de lui. Ce n'est pas un manque physique, pas encore du moins puisque nous avons l'habitude de passer nos journées de travail séparés l'un de l'autre. C'est une douleur tout émotionnelle qui irradie au plus profond de mon être, comme une béance. Un vide. Comme un trou noir au centre de mon univers, capable d'aspirer mon bonheur autant que ma lumière.
— Je lui ai crié dessus... Je refuse d'être ce genre de mec, ok ? J'ai préféré prendre du recul plutôt que de lui faire mal sous le coup des émotions. Marc n'a pas besoin de ça.
J'ignore ce qui calme Raël, mon air misérable ou mes intonations moroses. Dans les deux cas, il se redresse lentement afin de faire le tour de mon espace de travail et de s'installer à mes côtés.
— Tout le monde crie, Liam. Et pour le coup, tu avais de quoi. Il ne t'a même pas donné d'explications.
— Tout le monde, peut-être, mais pas moi.
En tout cas, plus depuis que j'ai compris que c'était ceux qui gueulaient le plus fort qui avaient le moins d'arguments. J'ai trop encaissé au cours de mes différents petits boulots, subissant uniquement parce que j'avais besoin d'argent. Je me suis promis que je ne deviendrai jamais comme eux. Que je ne ferai pas subir aux autres mes humeurs et mes insécurités.
— C'est vrai, je voulais... je veux passer le reste de mes jours avec lui, mais le mariage n'est pas une obligation. Je me suis accroché à cette idée parce que c'est un schéma familier et rassurant, mais il y a d'autres possibilités.
— Quel est le problème dans ce cas ? Qu'est-ce qui t'empêche d'aller te réconcilier avec lui ?
J'exhale un soupir lourd et pesant à sa question. Le problème c'est moi. J'hésite, bafouille, les mots se bousculant sur ma langue sans que je parvienne à les assembler correctement. Exprimer ce qui tourbillonne en moi n'est pas si simple, pourtant je m'y oblige, conscient que verbaliser m'aidera à y voir plus clair.
— Ce n'est pas juste son refus de m'épouser. Disons que sa réponse a fait déborder le vase de mes doutes. Il y a beaucoup trop de secrets entre nous, même si je sais que je n'ai aucun droit sur lui et que se confier ou non lui appartient entièrement, mais... Ça me ronge ! Tu comprends ? Je n'y arrive pas.
Ma gorge se serre si brusquement qu'elle me fait souffrir, comme une méchante angine. Ma confidence me laisse démuni.
Je n'y arrive pas.
J'aime Marc. Je l'aime tellement, putain ! Mais je ne peux pas continuer comme ça, à le voir souffrir jour après jour sans rien pouvoir faire pour lui. Je ne présume pas pouvoir le guérir de sa douleur, je souhaite seulement avoir la possibilité de le soutenir. Ce qui est impossible tant qu'il me tiendra à l'écart.
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À l'encre de nos rêves
RomansaLe rêve de Marc se réalise enfin tandis que sa carrière de chanteur prend doucement son envol. Son premier album est un succès inespéré. Difficile pour lui de garder les pieds sur terre alors que tout son quotidien est bouleversé. Heureusement, il p...