17. Marc

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La lumière du jour s'infiltre par la fenêtre, me chatouillant le visage et réchauffant ma peau. Allongé dans le lit, ma petite chambre d'hôtel ne m'offrant pas d'autres alternatives, j'ouvre les paupières pour observer le ciel dont le bleu céruléen est décoré de petits nuages épars, blancs et duveteux.

Terrorisé à l'idée de m'endormir, j'ai passé la nuit à écouter de la musique, mon esprit s'égarant bien souvent en des rêves conscients durant lesquels j'affrontais la fille à la robe noire, réagissant systématiquement comme il le fallait, la repoussant cordialement sans qu'elle ne puisse m'atteindre, le tout décliné en mille et un scénarios dont je ressortais toujours vainqueur de notre entrevue.

Le corps endolori par mon immobilisme, je retire les écouteurs de mes oreilles afin de les mettre à charger, puis en profite pour rejoindre la salle de bain. Ayant satisfait mes besoins naturels, je me lave les mains, ce qui m'oblige à affronter mon reflet dans le miroir.

Je suis un désastre ambulant. Les cernes qui avaient fini par s'estomper depuis le début de la tournée – l'épuisement post concert chassant mes insomnies – sont de retour, plus sombres que jamais. Mes traits tirés par la fatigue, mon humeur en berne, mon teint pâle, mon regard éteint...

Des coups à la porte détournent mon attention de mon reflet, faisant s'emballer mon rythme cardiaque. Mon corps se met alors à trembler, mon angoisse explosant dans mon organisme au point de rendre mon souffle sifflant.

Je ne suis pas prêt. Je ne me sens pas la force d'affronter qui que ce soit aujourd'hui. Ce qu'il s'est passé hier soir a réveillé de vieux traumatismes en moi et, même si je suis conscient que ma réaction n'est pas rationnelle, je ne peux m'empêcher de considérer le monde extérieur comme hostile tout à coup.

Perdu dans ma torpeur, mon poing se referme sur l'anneau de Liam qui ne me quitte jamais.

Je perds conscience du temps qui passe.

Mes oreilles bourdonnent si fort que je ne parviens plus à distinguer le martèlement contre ma porte de celui de mon pouls.

I lost myself that night
I threw it all away
Recall my mother's words
But it was far too late
I feel the burden now
It's weighing down my soul
And I can't catch my breath
'Cause these demons follow

Je me suis perdu cette nuit-là
J'ai tout foutu en l'air
Je me rappelle les mots de ma mère
Mais c'est bien trop tard
Je ressens le fardeau maintenant
Il pèse lourdement sur mon âme
Et je ne peux reprendre mon souffle
Parce que ces démons suivent

La voix de Munn envahit mon cerveau, ma musique m'offrant un refuge sécuritaire dans lequel je n'hésite pas à me complaire, chantonnant les paroles de I lost myself jusqu'à me couper totalement de la réalité. Alors seulement, je recouvre mon calme, ma respiration se régulant à l'instar des battements de mon cœur.

Dans un coin de ma tête, j'ai l'illusion que la personne à ma porte insiste encore, mais cette fois je me sens l'énergie de lui ouvrir. Mes cheveux sont dans un désordre sans nom et je porte encore mes vêtements de la veille. Un peu honteux de me présenter ainsi à mon visiteur inattendu, je me contente d'entrouvrir le battant.

— Tu m'ouvres enfin, Joli Cœur !

Le sourire de Liam m'atteint en plein cœur. La surprise ne parvient pas à minimiser la joie liquide qui court dans mes veines à sa simple vision.

À l'encre de nos rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant