6. Marc

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— Hey Joli Cœur ! Je me faisais un sang d'encre. Tu vas bien ?

Les mains et les yeux de Liam sont partout sur moi, sur mon corps, sur mon visage, inspectant chaque millimètre à sa portée afin de s'assurer que je ne suis pas blessé. Ni de corps ni d'esprit si j'en juge l'intensité de ses prunelles solidement arrimées aux miennes.

Au-delà de la fatigue due au contrecoup émotionnel, je me sens bien. Incroyablement bien, même. En paix et à ma place dans cette immensité qu'est l'univers. Le bien-être qui m'anime irradie avec force dans ma poitrine. Un sourire sur les lèvres, je me hisse sur la pointe des pieds pour venir cueillir les siennes. Une simple caresse à la douceur aérienne, lui communiquant par mes gestes ce que mes mots ne seront jamais aptes à exprimer convenablement.

— Je vais bien. Désolé de t'avoir inquiété, ce n'était pas mon intention. J'ai vu cette boutique et je me suis dit «  en retard pour en retard » !

Je lève mon sachet de papier à hauteur de son visage tout en lui offrant un froncement de nez penaud. Son expression jusque-là soucieuse se fait surprise puis amusée avant qu'il ne secoue la tête avec un rire de soulagement.

— Tu n'avais pas fini tes achats de Noël ?

— En réalité, celui-ci est pour ton anniversaire. Quand je l'ai vu dans cette vitrine, j'ai tout de suite su qu'il te plairait.

— Et je suppose que tu ne me diras pas de quoi il s'agit avant le jour J, devine-t-il en m'emprisonnant tendrement dans ses bras.

— Marc !

Le cri d'euphorie des jumelles précède leur assaut tandis qu'elles fondent sur moi et m'entraînent à leur suite, mettant fin à notre moment de complicité. En moins de temps qu'il n'en faut pour le dire, j'atterris sur le sofa, flanqué de chacune d'elle.

— Moi aussi je suis ravi de vous voir les filles, mais je suis censé aider votre mère à préparer le repas.

— Aucune importance, m'interrompt Leïa.

À moins que ce ne soit Lucy ? Je n'ai jamais su les différencier. Il faut dire que je ne les côtoie que très peu.

— Tu n'as rien à faire dans une cuisine, tu es célèbre maintenant, surenchérit sa comparse.

Je grimace à l'évocation de ma pseudo célébrité qui demeure somme toute relative, ne comprenant pas en quoi elle serait incompatible avec les tâches du quotidien.

— D'accord... exhalé-je, incertain. Donc, c'est vous qui allez prêter main-forte à votre frère et votre mère ?

Le rire de Liam s'élève aux abords de la pièce attirant mon attention sur lui.

— Désolé Joli Cœur, mais je ne tiens pas à finir ma nuit aux urgences. Tiens-les à l'écart.

— Pourquoi ai-je l'impression que tu me punis pour mon retard ? me renfrogné-je, provoquant une exclamation offensée de ses sœurs.

Il se contente d'un clin d'œil pour toute réponse avant de disparaître dans la cuisine où, quelques secondes plus tard, le rire de sa mère, si semblable au sien, résonne à son tour.

— Parfait, maintenant que la question est réglée...

Leurs iPhone surgissent devant moi, me renvoyant mon expression éberluée par l'intermédiaire des caméras frontales.

— Woh, woh, woh ! Que pensez-vous être en train de faire ?

— Un selfie évidemment. Allez, souris...

Leur notion de liberté individuelle et de consentement m'effare. Même les fans qui m'interpellent dans la rue font preuve de plus de respect en me demandant la permission de me photographier, ce qui semble être à des années-lumière de leurs préoccupations.

À l'encre de nos rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant