— J'adore les cornichons !
L'exclamation joyeuse et gourmande de Sam contraste affreusement avec l'ambiance du repas. En temps normal, l'un d'entre nous lui aurait d'ailleurs offert une remarque scabreuse, mais aujourd'hui, seul un silence de mort lui répond, le tout ponctué par le regard suspicieux d'Agathe.
L'après-midi est passée à une vitesse impressionnante et à présent que nous sommes tous réunis dans la grande salle à manger des de Mauduit, je n'ai qu'une hâte, aller me coucher et retrouver les bras de Marc.
Ne sachant pas si Agathe allait accueillir d'un bon œil nos amis chez elle, je me suis arrêté à l'auberge du village afin de vérifier, entre autres choses, la disponibilité de trois de leurs chambres avant de me diriger vers Blois pour récupérer Valentin et Raël à la gare et faire quelques courses. Au final, c'est la présence du bébé qui a poussé notre hôtesse à accepter notre petite bande sous son toit. Par charité chrétienne, d'après ses dires.
— Merci d'avoir préparé le repas, Liam, m'offre-t-elle d'ailleurs, sans doute dans le but de lancer une conversation dénuée d'ambivalence.
Je me mords l'intérieur de la joue et crispe les poings sous la table pour m'astreindre au calme. Je ne supporte plus ni sa compagnie, ni son attitude, ni même sa voix mielleuse. C'est devenu épidermique à ce stade, elle me donne de l'urticaire.
— C'est la moindre des choses. J'espère que le plat vous conviendra, j'ai fait au plus simple vu notre nombre.
— Je suis sûr que nous allons nous régaler, intervient François, épuisé, mais radieux après la semaine de compétition dont il revient.
Valentin choisit justement ce moment pour reparaître de la cuisine, les bras chargés de deux énormes salades de pâtes et de crudités, Raphaël lui emboîtant le pas avec une assiette débordante de viande grillée au barbecue.
— Oh super, des saucisses, s'extasie à nouveau Sam, ses yeux pétillant de gourmandise.
L'hilarité de François prend tout le monde au dépourvu, sa femme la première.
— Je pense qu'on a saisi, Samuel, plaide-t-il face à tous les regards éberlués tournés vers lui. Après t'avoir surpris le cornichon à l'air dans le lit de notre fils, lors de ta dernière visite, nous ne sommes pas sans savoir que tu aimes la saucisse.
Il explose d'un rire rauque, désinhibé et ivre de ses succès lors du championnat.
Mon cœur manque un battement. Je ne suis cependant pas le seul à être déconcerté par sa révélation importune. Agathe laisse échapper un cri à la fois choqué et déshonoré. L'expression incertaine de Ciel passe de son petit ami au mien. Raphaël me fixe comme pour jauger mon état. La main d'Évy est plaquée de surprise sur sa bouche. Celle de Sam reste entrouverte tant il est pris de court. Quant à Marc, ses paupières sont closes et son visage défait.
— Je le savais ! s'exclame Valentin, nous faisant tous sursauter.
— Pas maintenant, chaton, tempère Raphaël sans me lâcher de son regard inquiet.
Un ange passe, aucun de nous ne sachant comment réagir. L'effet de cette bombe verbale est dévastateur au sein de notre groupe d'amis. Si Marc et moi sommes concernés, il en va de même pour Samuel et Ciel. L'ambiance n'est même plus pesante, elle est mortelle, et le rire caustique de François n'arrange en rien la situation.
— Voyez-vous ça ! Eh bien, que t'arrive-t-il, Marc ? C'est plus facile de baisser ton pantalon que d'assumer tes erreurs. Ton cher et tendre n'était pas au courant ? Tu aurais peut-être dû y réfléchir à deux fois avant de tremper ton biscuit.
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À l'encre de nos rêves
RomanceLe rêve de Marc se réalise enfin tandis que sa carrière de chanteur prend doucement son envol. Son premier album est un succès inespéré. Difficile pour lui de garder les pieds sur terre alors que tout son quotidien est bouleversé. Heureusement, il p...