À l'encre de nos rêves

6.5 Liam 🍋

— Attends, attends... Madame Moreno va nous entendre.

— J'en ai rien à faire de la voisine, réplique Marc entre deux baisers fiévreux.

Face à face sur le palier extérieur, devant l'entrée de notre appartement, je tente tant bien que mal de déverrouiller la porte. L'impatience et l'ardeur qu'il me témoigne font trembler mes mains de désir rendant l'exercice plus ardu qu'il ne devrait l'être. Le ventre en feu, je peine à trouver la serrure, ce qui ne m'empêche pas d'en savourer chaque instant en dépit du risque d'être surpris dans une situation compromettante.

— Marc...

J'ignore si je le supplie d'arrêter ou de ne surtout pas le faire. Je me sens vivant sous ses paumes qui dévalent mon corps sans jamais se poser, insatiables. J'ai l'impression de planer, d'être catapulté dans une dimension où plus rien ne compte si ce n'est lui, nous, où plus rien n'a d'importance en dehors de nos gestes fébriles.

Jusqu'à ce qu'un violent frisson me remette les pieds sur terre quand ses mains, glacées par les températures nocturnes, se faufilent sous mon t-shirt. Un sifflement d'inconfort franchit mes lèvres tandis que je bloque ses poignets par réflexe, stoppant net ses caresses désordonnées.

Nos regards se harponnent, brillants et noircis de désir. Nos souffles haletants se mêlent dans le faible espace qui nous sépare. Le temps suspend sa course effrénée. Dans notre silence, la communication est totale.

Finalement un sourire aimant soulève ses traits et illumine son visage glabre, faisant s'envoler mon pouls alors que je le lui retourne.

— Allez-vous consentir à ouvrir cette fichue porte, Monsieur Leroy, ou faut-il que je vous donne en pâture à votre mère en guise de représailles ? menace-t-il d'une voix beaucoup trop sexy pour mon propre bien.

— Tu n'oserais pas !

Son expression se fait plus malicieuse encore.

— Ne m'y oblige pas.

La douceur brutale de son baiser, à la fois tendre et langoureux, lent et profond, a raison de moi. Je capitule, me soumets. Les paupières closes, je savoure cet amour qu'il me susurre lèvres contre lèvres.

Marc n'est pas du genre à dire « je t'aime » à tout bout de champ, contrairement à moi qui ai tendance à le lui déclamer plusieurs fois par jour. Il n'existe pourtant pas plus belles déclarations que celles qu'il m'offre de façon détournée.

— Ouvre cette porte, Liam !

Mon sexe tressaute au son de sa voix vibrante de son besoin de moi. Sous ses cils d'une longueur indécente, ses yeux d'un bleu aussi sombre que la nuit me dévorent. Il me faut toute la force de ma volonté pour m'en libérer afin de me concentrer sur la serrure où la clé s'enfonce finalement.

Nos cadeaux dûment récupérés, nous franchissons le seuil de l'appartement avant de les abandonner près de la penderie du vestibule. J'ai à peine le temps de me délester de mes chaussures que Marc fond sur moi avec tant d'empressement que mon dos heurte l'angle d'un meuble. Une plainte sourde franchit mes lèvres, semblable à un grognement animal.

— Pardon, exhale-t-il dans un soupir lubrique tout en s'affairant à me débarrasser de mon manteau.

Faisant fi de la douleur, je lui rends ses attentions avec la même ardeur provoquant son rire qui virevolte autour de moi dans l'obscurité de notre loft. Plus agile que je ne le suis, il vient à bout de mes vêtements le premier puis recule de quelques pas avec un sourire vainqueur.

Baigné par les lumières des illuminations extérieures, son regard pétillant me percute de plein fouet, prédateur. La croix qui pend à son cou étincelle sur son torse nu et imberbe. Dans l'intimité de notre appartement, il se libère du carcan de ses complexes, me laissant unique spectateur de ces moments privilégiés où il ose exprimer toute sa sensualité. Lui qui ne profère jamais un seul gros mot, leur préférant ses expressions aussi loufoques qu'originales, abandonne son masque de petit garçon bien élevé une fois seul avec moi, dévoilant ainsi l'homme impudent qui se cache derrière ses bonnes manières.