À l'encre de nos rêves

20. Liam

Ⓒ Hello ! J'espère que les retrouvailles se sont bien passées. Marc et toi devez avoir énormément de choses à vous dire, j'ai donc pris la liberté de prolonger la réservation de votre chambre. L'équipe et moi prenons les devants pour le prochain concert. Rendez-vous dans deux jours. Prenez soin de vous.

L'esprit encore embrumé de sommeil, je parcours le message de Ciel plusieurs fois des yeux avant de parvenir à en comprendre le sens. Mon bras gauche est totalement engourdi par le corps de Marc qui s'est endormi sur moi, me faisant grimacer d'inconfort tandis que je tente de me défaire de son étreinte sans le réveiller.

— Où est-ce que tu vas ? gargouille-t-il, la bouche pâteuse de fatigue.

— Chut... rendors-toi, je ne vais nulle part.

Trop épuisé pour lutter, il obéit dans un soupir de bien-être particulièrement adorable. Assuré qu'il ne se réveillera pas au moindre de mes mouvements et n'y tenant plus, je parviens finalement à me défaire de son emprise et rejoindre la salle de bain.

Il est trop tôt pour qu'il se réveille, surtout en considération de l'heure à laquelle nous nous sommes endormis. J'aurais moi-même apprécié flâner un peu plus longtemps au lit si une irrépressible envie pipi ne m'avait pas violemment tiré du sommeil.

Mon costume est dans un état innommable. Notre impatience de la veille dans les loges et notre nuit passée tout habillés auront eu raison de mon allure. Qu'importe, même si je ne dispose d'aucun vêtement de rechange, j'ai l'essentiel : ma sacoche d'ordinateur qui me suit partout et dans laquelle se trouve mon chargeur de téléphone ainsi que mon portefeuille. Il me suffira donc de faire quelques emplettes pour résoudre mon problème vestimentaire.

Ce souci solutionné, je rejoins la chambre où Marc dort toujours paisiblement. Je ne me rendormirai pas, et il est hors de question que je trouble son sommeil. La pièce est minuscule, le lit double occupe une bonne partie de l'espace, ne m'offrant pas d'autre possibilité que l'unique chaise située devant un espace bureau ridiculement petit. Je m'en contenterai.

Première chose à faire : mettre mon téléphone en charge avant qu'il ne soit à plat, puis répondre à Ciel et enfin prévenir Raphaël des derniers événements.

Mon meilleur ami ne tarde pas à me répondre :

Ⓡ That's my boy !* Je suis content de t'avoir mis mon pied au cul (c'est une métaphore !). Prends du temps pour résoudre tes problèmes de couple, je gère l'agence.

Amusé par sa réponse, j'extirpe mon ordinateur de sa pochette, bien décidé à passer le temps en travaillant.

- Accès refusé -

J'observe mon écran, sceptique quant au message qui s'affiche. Je vérifie donc ma connexion wifi puis tape une nouvelle fois le mot de passe censé me connecter à l'intranet de l'agence, mais rien n'y fait.

— C'est quoi ce bor...

La vibration de mon cellulaire me coupe dans ma grossièreté.

Ⓡ Deux tentatives de connexion sur le serveur... Cherche pas, j'ai gelé tes accès. Qu'est-ce qu'il ne faut pas faire pour t'obliger à prendre des vacances ! Ne me dis pas merci, le plaisir est pour moi. La bise à ton twink !

J'inspire fortement, paupières closes, pour m'astreindre au calme. Quel petit con !

Un sourire s'impose sur mes lèvres. Quel petit con...

Je secoue la tête d'amusement, de bonheur, de gratitude aussi. Parce que les plus belles preuves d'amitié comme d'amour sont celles qui se passent de mots, qui nous bousculent parfois, pour notre bien.