24. Liam

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La merveilleuse odeur qui m'assaille lorsque je franchis le seuil de l'appartement pourrait me faire ronronner de bonheur. Délesté de ma veste de costume et de mes chaussures, je me hâte vers Marc qui chante à tue-tête le titre de Jean Jacques Goldman retentissant depuis les enceintes Bluetooth du salon.

— Bonjour, vous, susurré-je à son oreille sitôt l'avoir capturé entre mes bras.

Passé la surprise, signe qu'il ne m'a pas entendu rentrer, Marc se détend contre moi. Ses mains recouvrent les miennes sur son ventre, son dos appuyant plus sûrement contre mon torse, sa tête appuyée sur mon épaule, les paupières closes, comme une offrande, une preuve d'amour et de confiance absolue.

— Ta fin de journée s'est bien passée ? interroge-t-il en retournant sa crêpe.

Je ne le libère pas de mon étreinte, me délectant de sentir ses muscles ondoyer à chacun de ses mouvements. M'enroulant un peu plus à lui, je me penche pour atteindre sa nuque que je parcours de baisers, ravi des frissons qui soulèvent sa peau.

— Ce serait plutôt à moi de te poser la question. Comment était ta séance ?

— J'ai demandé en premier, minaude-t-il.

Alangui, il fait tournoyer la crêpière entre ses mains d'un geste habile du poignet afin de répartir la pâte de façon homogène, puis il chavire contre moi pour me faire face. Son sourire fatigué est la première chose qui me frappe tandis qu'il entoure mon cou de ses bras. Je capitule, incapable de lui résister quand il me scrute avec ce regard étincelant de mille et une lumières.

— Tout était parfait. Nous sommes allés sur la tombe de papa. L'occasion de leur parler de lui, de comment il était lorsqu'il s'occupait d'elles, ou combien il était ému aux larmes quand elles sont nées. C'était... plutôt intense, mais je crois que ce moment nous a fait du bien à tous les trois.

Une petite alarme se déclenche dans mon cerveau, m'amenant à retourner la crêpe avant qu'elle ne brûle. Interpellé par mon initiative, Marc pivote de nouveau pour éteindre la plaque de cuisson. Ses gestes lents, concentrés et consciencieux m'indiquent combien il est déconnecté, chacune de ses actions puisant dans le peu d'énergie qui lui reste. C'est souvent le cas après ses séances.

Lorsqu'il m'embrasse enfin, son baiser est incroyablement tendre, empli d'un amour incommensurable que je lui rends au centuple si tant est que cela soit possible. Malgré la sincérité indéniable qui émane de ses actes, je sais qu'il use d'une de ses techniques de diversion préférée. Je me détache de lui et m'emploie à honorer de mes lèvres chacune de ses phalanges.

— Parle-moi, mon amour.

— Serre-moi. Serre-moi fort, s'il te plaît.

Bouleversé par sa supplique autant que par la fragilité qui vibre dans sa voix, j'obtempère sans discuter, l'étreignant comme si je cherchais à me fondre en lui.

— J'ai besoin de toi, Liam.

Ses doigts qui tirent sur ma chemise avec impatience et l'urgence de son bassin plaqué contre le mien sont bien plus explicites que sa requête à peine chuchotée. J'ignore ce qui l'a chamboulé à ce point, mais peu m'importe, s'il a besoin de moi, je suis son homme. Au sens propre comme au figuré.

Placide, je me penche pour emprisonner sa bouche de la mienne. Nos lèvres n'ont besoin d'aucun autre signal pour se mouvoir, s'émouvoir. Leur danse, lente et délicate, engendre un pétillement familier dans mon torse, comme des bulles de champagnes qui m'enivrent de la plus délectable des façons, répandant dans mon sang la chaleur exaltante de l'incendie qui s'est emparé de mon être tout entier.

Nos souffles se mêlent et s'emmêlent au rythme de nos soupirs, le son mat de nos vêtements qui disparaissent marquant la mesure de notre ferveur.

— Je veux que tu me prennes, susurre-t-il contre ma peau. Je te veux en moi.

À l'encre de nos rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant