14. Marc

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Le poing qui tambourine avec violence contre la porte d'entrée me donne l'impression qu'elle pourrait se briser sous l'assaut.

Aussi inquiet que surpris par cette entrée en la matière, alors que je n'attends personne, j'avance jusqu'au vestibule à pas feutrés.

— Qui est là ?

Les coups s'arrêtent net à mon plus grand soulagement puis la voix de Samuel s'élève avec fureur.

— C'est moi, trou du cul ! Ouvre cette putain de porte.

Oh misère...

Je ne sais pas ce qui a mis mon ami dans cet état, mais je sais d'ores et déjà que je vais passer un sale quart d'heure. Conscient que je ne peux pas retarder l'inévitable, je déverrouille la porte du loft pour le laisser entrer.

— Est-ce que je peux savoir ce que tu fabriques ? beugle-t-il en se plantant face à moi.

Je reste coi d'incompréhension.

— Rah ! Ne me fais pas tes yeux de petit chiot, s'il te plaît, soupire-t-il avant de s'éloigner en direction du sofa et de s'y laisser lourdement tomber.

— Peux-tu au moins m'expliquer ce qui t'arrive ? demandé-je, trop épuisé pour tourner autour du pot.

— J'ai appris par Valou qui l'a lui-même appris par Raphaël que Liam et toi vous êtes disputés.

Wow ! J'avais passablement oublié que mes potes étaient incapables de se mêler de leurs affaires.

Silencieusement, prenant le temps d'appréhender l'état d'esprit de Sam, je le rejoins et m'installe à ses côtés, une jambe pliée sous mes fesses pour lui faire face.

— Certes, mais je ne vois pas bien en quoi tu es concerné.

Le regard noir qu'il m'offre est plus violent qu'une gifle.

— En quoi ça me concerne ? Petit con va ! Pourquoi tu ne m'en as pas parlé ? Pourquoi tu n'en as même pas parlé à Val alors que tu as passé ta journée de travail avec lui ? À quoi tu pensais, bordel ?

Il fronce des sourcils en m'observant, essoufflé par sa tirade virulente.

— Merde, poussin, t'as vraiment une tête de déterré. Tu as réussi à dormir un peu au moins ?

Après la hargne, c'est l'inquiétude qui transparaît à travers les mots de mon meilleur ami.

— Venant de toi, ça me fait doucement rire, répliqué-je en avisant ses cernes.

— J'ai la plus belle des raisons de passer des nuits compliquées.

Son sourire épanoui m'atteint en plein cœur. Je suis heureux pour lui. Sincèrement. Et ce bonheur qui irradie de lui répand dans mon être une chaleur agréable, un baume sur mes vagues à l'âme. L'amitié est ce qui m'a permis d'aller mieux, à l'époque. C'est grâce à mes amis que j'ai retrouvé le goût de vivre. Mais Liam... Liam a hissé mon bonheur à un tout autre niveau. Dans ses bras, j'oubliais le poids du passé, les fers à mes pieds devenaient plus légers.

— Justement. Tu es papa maintenant, tu as d'autres préoccupations sinon plus importantes. Je suis désolé de t'avoir inquiété pour rien, mais c'est entre Liam et moi.

— Redis ça sans trembler des genoux* pour voir.

Je suis trop épuisé pour être amusé par sa référence. Trop épuisé pour tout. Je baisse les yeux lentement, incapable de soutenir les siens.

— Et puis, je peux être bien des choses, reprend-il face à mon silence. Un compagnon, un ami, un papa... J'aurais toujours du temps pour toi, mon lapin.

À l'encre de nos rêvesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant