Leaves from the vine [Zukka]

Sokka (35)

Ma deuxième semaine de stage s'était plutôt bien passée. Enfin, autant que puisse l'être un stage quoi. En plus, être tout le temps seul avec mon père, ça rend l'ambiance bizarre. Katara est en stage un peu plus loin, donc elle loge chez une tante. Et c'est pas super fun. En temps normal, j'aurais loué le ciel d'enfin me retrouver seul. Parce que vivre avec quatre autres personnes, c'est fatiguant au bout d'un moment. Mais là, je me sens un peu solo. On est samedi matin, et je commence à bosser mon rapport. Ouais, ça m'arrive des fois de travailler. J'allais regarder mon téléphone. Ouais mais non. Je le repose. Je dois bosser moi. C'est alors que la voix de mon père résonne dans toute la maison.

Hakoda: Sokka ! Tu descend s'il te plait ?

Sokka: J'arrive.

Je râle avant de me relever en fermant mon ordi. Bon, j'imagine que je vais remettre ça a plus tard. Techniquement c'est pas de la procrastination si j'ai pas le choix. Je descend mollement les escaliers.

Hakoda: mets tes chaussures, on vas voir Mabooba.

C'est vrai que ça fait longtemps qu'on n'est pas allé la voire.

Sokka: d'acc. On reste longtemps ?

Hakoda : ça dépend de si elle cause longtemps.

Il esquisse un sourire et je mets mes chaussures avant de monter dans la voiture de mon père. On commence à rouler dans un silence gêné. On n'as pas reparlé du fameux incident, ni du fait que j'aime aussi les mecs. Et c'est un peu bizarre. En fait, je sais pas ce qui serait le pire. Qu'on en parle ou non.

Hakoda: Sokka ?

Sokka: ouais ?

Hakoda: j'ai été voir tes notes. C'est pas fameux.

Je baisse la tête, un peu honteux. Je crois que j'aurais préféré qu'il me donne son avis, aussi pourri soit il, sur mon orientation sexuelle.

Sokka: ouais désolé, c'est les maths qui me baissent. Et le français. Et leur trucs scientifiques là...

Hakoda: C'est pas ton trucs, les sciences et tout ?

Sokka: bah si mais là c'est pas pareil. C'est genre... Que des trucs qui m'intéressent pas, et il faut faire pleins de calculs et disserter dessus.

Hakoda: Je ne comprends pas, tu as bien tes tiers-temps ?

Sokka: oui.

Hakoda: et ça ne va toujours pas ?

Sokka: non mais c'est juste que c'est débile, on nous fait apprendre des trucs qui ne nous servirons jamais dans notre vie.

Hakoda: ça te servira à avoir ton BTS et à ne pas le foirer.

Sokka: oui je sais. Ça va, les épreuves finales, c'est plus de la pratique et sur nos stages.

Hakoda: j'espère.

Je soupire. Super, ça c'est de la relation père fils. Pourtant, on a été proche à une époque, lorsque j'avais seize ans, tout allait bien par exemple. Et c'était il n'y a pas si longtemps que ça. Alors quand est-ce que ça a dérapé ?

Après un certain temps de trajet, notre voiture s'arrête devant une petite maison en pierre avec une cheminée qui fume. On sort de la voiture et on rentre à l'intérieur. Ça sent la cannelle, le café, le sucre et la naphtaline. Ça sent le vieux, quoi. Je me contente de rentrer, mains dans les poches. Mabooba est dans son fauteuil, en train de tricoter tout en regardant la télé.

Hakoda: Bonjour mabooba.

Mabooba: Hakoda, Sokka ! Bonjour vous deux.

Elle se lève pour nous embrasser, laissant son tricot sur le fauteuil tandis que le bulletin météo se joue en fond sonore.