Calyx se masse l'arête du nez. Comment vont-ils se sortir de ce guêpier sans la moindre source de lumière ? Au moment où elle formule la question, un ronflement enfle sur son épaule, un peu comme le fourneau lancé à plein régime sous l'action du soufflet.
— Regardez, le visiteur !
Calyx se rend compte qu'elle distingue les yeux d'Ahmasis, écarquillés de fascination. Le ronflement s'amplifie. Les ténèbres refluent devant un halo presque aveuglant jailli des taches de la salamandre. Drakôn – si tel est bien son nom – semble décidé à les aider, quelles que soient ses autres motivations ou la raison de sa présence dans leur monde. Le coup de patte est peut-être écailleux, mais elle ne va pas faire la fine bouche.
— Le couloir se poursuit derrière la trappe, observe Ériphos d'un branle de tête.
Calyx se détache du mur.
— Alors, on continue, et cette fois, je passe devant !
Ils traversent la trappe d'un pas prudent, mais le battant tient bon. Calyx épargne une pensée admirative pour les ingénieurs qui ont conçu le système. Une seconde manivelle, identique à la première, permet d'actionner le mécanisme depuis l'autre bord. Mieux vaut ne pas y toucher, au cas où ils devraient rebrousser chemin précipitamment.
Leur progression se poursuit ainsi sur peut-être un stade – du moins, Calyx l'estime-t-elle au nombre de ses pas. Compter chaque enjambée aide à distraire son esprit du volume de terre accumulé au-dessus de sa tête, des possibles pièges tapis dans les ombres ou des créatures placées en embuscade.
Le halo de la salamandre lui chauffe le cou en plus d'éclairer à dix pas devant elle. La sueur goutte dans son dos. Une ombre danse sur les parois ocre, bien plus grande et déformée que ne devrait l'être celle d'un si petit reptile. Elle évite de la regarder.
Puis, au bout de cette déambulation caverneuse, elle heurte un obstacle : une volée de trois marches mène à une porte close. Une torche éteinte patiente dans un socle de métal, sans doute à destination des habitants de l'autre côté du battant. Meidoun s'en empare avec un cri de victoire.
— Ah, voilà qui va toujours servir. Ô visiteur ou Drakôn ou quelque soit ton nom, prête-moi ta flamme !
Calyx se retient de se frapper le front pendant que le pitre agite son morceau de bois sous le museau du lézard. Il est récompensé par un jet ardent de nature à racornir quelques sourcils trop entreprenants.
Manifestement très fier de lui, Meidoun gonfle le torse, décoche un sourire jusqu'aux oreilles et lève haut sa torche crépitante.
— Et voilà le travail !
Calyx évite tout commentaire, gravit les marches, tourne l'anneau de fer. Fermé, comme elle pouvait s'y attendre. Elle plisse les yeux. Des gravures décorent le linteau plongé dans l'ombre.
— Plus haut, la torche, voyons ! s'agace-t-elle.
— Et que penses-tu d'abord de : « S'il te plaît Meidoun, mon sauveur, lumière dans les ténèbres, soleil de mes nuits d'explorations papyresques ! »
Elle lui jette un regard exaspéré qui se heurte à un roulement d'épaules et une rangée de dents éclatantes.
— Ou juste « s'il te plaît », je m'en contenterai.
Comment fait-il pour se montrer par moments utile, l'instant d'après aussi agaçant ? Calyx soupire.
— S'il te plaît, Meidoun, peux-tu lever un peu plus cette torche, Meidoun ?
Il s'exécute et le halo révèle le tracé d'un cobra dressé, collerette déployée.
— Encore un serpent, frémit Ériphos.
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Les Flammes de Pharos
FantasyUn festival. Deux royaumes en guerre. Une créature infiltrée depuis le monde des Dieux. Alexandrie, l'écrin des Muses, son phare immuable. Tout le monde grec se presse pour participer aux jeux organisés par le pharaon : l'occasion de briller de prou...