Chapitre 2 : Une soudaine fièvre

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La maison est plongée dans le noir, je monte les escaliers sur la pointe des pieds et rejoins la chambre d'Uka en ne sachant pas très bien si je préférerais qu'elle dorme ou non.

Quand je passe la porte, je la vois redresser vivement la tête, il lui faut cinq secondes pour comprendre qu'il s'agit de moi.

Elle soulève la couverture, m'invitant à la rejoindre. Je plonge sous les draps après avoir enfilé une large robe pull à capuche.

_Où t'étais? bredouille-t-elle à moitié endormie.

_Dans le bois du vieux Willis.

Inutile de lui dire que je suis montée jusqu'à son sommet pour chasser des ours. Elle ne comprend pas l'excitation que je ressens durant une bonne chasse.

_Tu n'as pas été gentille avec maman...

_Je sais Uka, je parlerai avec elle demain.

Je me mords la joue, au fond de moi je bouillonne encore, il faut que je me débarrasse de cette colère.

Je tente de penser à autre chose, je me remémore ma course, le bruissement des feuilles sous mes pattes, du soleil qui réchauffe mon pelage, du chant de la chouette au premier éclat de la lune.

La lune..., le lac..., l'image de son corps nu s'avançant vers moi, s'impose dans mon esprit.

Le souvenir de sa voix me fait frissonner.

J'étouffe presque et je crains que le tambourinement de mon cœur ne réveille toute la maison.

Je m'applique à inspirer et expirer profondément, j'ai honte, je ne dois pas penser à ça. Je n'ai pourtant que brièvement aperçu son visage, mais je vois apparaître des traits que je pense lui appartenir, toute la nuit dans mon rêve.

Le lendemain matin, je quitte difficilement le lit de ma sœur et me sens fiévreuse. Quand mon père m'aperçoit, il s'approche de moi, il pose le dos de sa main sur mon front, puis le plat de sa main dans la mienne.

_Qu'est-ce qui t'arrive? Son front se plie d'inquiétude.

_Si toi tu ne peux pas me le dire, comment je pourrai le savoir?

_Tu devrais peut-être venir avec moi au travail...

Ma mère fait claquer un bol sur la table en entendant la proposition de mon père.

_Elle est passée presque chaque jour à la maison de la meute cette semaine et c'est le week-end! proteste-t-elle.

_Et alors ça ne me dérange pas, j'aime bien aller au travail de papa!

_Et pourquoi tu ne viens jamais au mien?

Ma mère semble plus attristée qu'en colère à présent. D'un autre côté elle a raison, je ne passe plus beaucoup de temps avec elle, mais il faut dire que je n'aime pas me retrouver à son bureau. Nous ne pouvons pas parler car il faut qu'elle se concentre sur ses comptes...

Et toutes ses collègues sont d'incorrigibles curieuses sans vergogne.

_Chérie, j'aimerais juste la garder à l'œil et elle se sentira peut-être mieux à la maison de la meute...

_Tu crois que je ne peux pas m'occuper de ma propre fille?

Une pointe d'affolement et de tristesse traverse son regard.

Mon père soupire et à mon étonnement il ne se montre pas aussi conciliant qu'à son habitude. Il croise les bras sur sa poitrine d'un air buté.

_Dans ce cas, laissons Ada décider?

L'Oméga et L'AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant