Chapitre 41 : Le souvenir de mes autres vies, partie 1

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Road est bien plus redoutable que sa faible stature ne le laisse deviner!

Il ne m'a pas menti quand il avait annoncé que nous commencerions par des étirements et des méditations.

Mais je n'avais pas pensé une seule seconde que ces exercices serviraient à me détendre suffisamment pour qu'il puisse librement accéder aux mystères de mon esprit...

« Respire profondément Adali, ne te bloque pas... » Résonnait sa voix dans une espèce d'écho lointain qui retentissait comme une litanie attirante.

Après trois jours creux, comme Road les appelle, il a finalement perçu les pouvoirs que je ne soupçonnais pas. Tous appartenaient à ma mère... Je peux influer sur les marées, absorber la douleur des autres pour les en libérer, je suis capable de percevoir la moindre once de malhonnêteté, communiquer dans n'importe quelle langue, je peux endormir les sens de quelqu'un et je peux partiellement me rendre transparente et d'après mon précepteur, je ne suis qu'au début de mon développement...

— Vous ne progresserez pas tant que vous continuerez à vous bloquer de la sorte! me réprimande la fée avec impatience.

Je secoue mollement la tête pour lui signifier que je suis exténué, il soupire et bien qu'il ne cache pas sa déception concernant mes progrès, il ne m'oblige jamais à continuer quand je souhaite m'arrêter et je lui en suis reconnaissante.

Je quitte la salle d'entraînement et rejoins mes appartements où Illiniza m'attend. Comme toujours elle saute presque de sa place en m'apercevant et ne se prive pas pour me manifester sa joie.

Son exubérance et ses démonstrations affectueuses ne manquent jamais de me rappeler Eva et je dois avouer que cela me fait du bien...

« Eva! Ciel, que je peux être bête! Je suis ici depuis des semaines et je viens tout juste de me souvenir que ma meilleure amie a grandi ici avec ses parents! »

J'écarquille les yeux et je fais tout mon possible pour parler. Alerter par ma réaction Illiniza s'accroche à mes poignets et m'encourage à demi-voix.

— Je vous écoute Dame Adali, vous pouvez parler!

(Où - sont - les - parents - de - Eva)

Ma tentative est pitoyable, je n'arrive à émettre qu'une espèce de grognement rauque. Mais ça reste un son, je ne dois pas abandonner. Illiniza reste concentrée sur les mouvements de ma bouche. Mais ne semble pas comprendre ma question.

Il faut que je fasse plus court! Doucement...

— Où, parents, Eva? Encore une fois, les intonations de ma voix semblent provenir d'un horrible grincement de porte. Mais cette fois-ci, les mots que je produis sont intelligibles, douloureux. Mais intelligibles!

Illiniza, en arrive à la même conclusion, car elle bondit dans mes bras et fond en larmes, le choc est tellement important qu'elle oublie de répondre à ma question.

— Bravo Mademoiselle! Je suis si heureuse, je peux enfin entendre votre jolie voix! s'émerveille-t-elle s'en cesser de se pendre à mon cou.

« Jolie? Ok, c'est clair, elle plane! »

— Illiniza, les parents... Eva? Je pars en une soudaine quinte de toux. Mais ma voix semble définitivement revenir! Encore un peu et j'aurais pleinement retrouvé l'usage de ma voix. Depuis quand je me suis muré dans le silence? Je ne parviens pas à me souvenir.

— Oh, pardon! Je n'étais pas encore arrivée dans cette maison quand votre amie est partie. Mais j'ai entendu les autres domestiques en parler. Il paraît que les parents d'Eva vont bien. Mais ils n'ont pas pour habitude de sortir de leur laboratoire...

L'Oméga et L'AlphaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant